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ser l’hydropisie du globe, & dès qu’elle croupiroit, elle seroit bientôt viciée, colorée, épaissie. La preuve de sa régénération ou de son renouvellement est évidente dans l’opération de la cataracte, par extraction ou par abattement. (Voyez Cataracte)

On doit bien comprendre que ce n’est qu’après s’être muni de toutes ces connoissances, qu’on peut décider sûrement de l’intégrité de l’œil du cheval, de la réalité, comme des raisons de sa dépravation & des causes des dérangemens multipliés, dont cet organe est susceptible. Rien n’est plus aisé que d’apercevoir le défaut des yeux, quand on en connoît bien la structure ; autrement, rien n’est plus difficile. Nous voyons journellement des personnes qui passent pour habiles connoisseurs, se tromper souvent, & prendre pour maladie du cristallin, ce qui en est une de la cornée, l’affection de la cornée pour celle des humeurs, & confondre, en général, les différentes maladies qui attaquent cet organe.

Mais pour n’être pas induit à erreur, voici les vrais moyens d’examiner les yeux d’un cheval : placez-le à l’abri du grand jour, pour diminuer, jusqu’à un certain point, la quantité des rayons lumineux, & faites-le ranger de manière à vous opposer à la chute de ceux qui, tombant trop perpendiculairement, causeroient une contusion qui ne vous permettroit plus de distinguer clairement les parties : faites attention encore à ce qu’aucun objet, capable de changer la couleur naturelle de l’œil, en s’y joignant, ne soit voisin de l’abri que vous avez choisi ; placez-vous ensuite, vous-même, de manière à chercher les différens points d’où vous pourrez distinguer, plus clairement, toutes les parties de l’organe dont vous vous proposez de juger ; & considérez-en 1 °. la grandeur ; elle est une beauté dans le cheval comme dans l’homme : de petits yeux sont nommés, yeux de cochon.

2°. La position. Ils doivent être à fleur de tête : des yeux enfoncés, donnent à l’animal un air triste & souvent vicieux ; de gros yeux, des yeux hors de la tête, le font paroître hagard & stupide.

3°. L’égalité. Un œil grand, & l’autre petit, doivent inspirer de la défiance ; il est vrai que cette disproportion peut être un vice de conformation, & alors les yeux quoiqu’inégaux, n’en sont pas moins bons. On distingue le vice de conformation, de celui qui est contre nature, en ce que dans le dernier cas les parties qui défendent le globe, ou celles qui l’entourent, ou celles qui le composent, ne se montrent jamais dans un état sain.

4°. Les paupières. Leur agglutination, la rétraction, l’abaissement involontaire de la supérieure, le relâchement ou le renversement de l’inférieure, les rumeurs qui surviennent quelquefois à l’une & à l’autre, le doublement des cils qu’on remarque au bord de la supérieure, un hérissement de ces mêmes cils, produit par différentes causes qui en déterminent & en dirigent la pointe contre la cornée, &c., sont autant de circonstances maladives. On doit surtout faire attention à la paupière inférieure, fendue dans quelques chevaux, à l’endroit du point lacrymal : cette fente est occasionnée par l’âcreté des larmes qui découlent dans le