Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/179

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cependant y entrer. Ce puits est armé, près de son extrémité supérieure, d’un crochet pour le fixer au bord de la cuve, sur une douve perpendiculaire ; dans ce puits on placera une espèce de jauge graduée en pouces & lignes, que j’appelle œnomètre de comparaison. Fig. 8. Lorsque le puits est en situation, & que le vin fermentant s’élève dans la cuve, il monte aussi dans le puits à la même hauteur que dans la cuve, alors si on y a mis la jauge ou l’odomètre, celui-ci s’élèvera également.

» Cet œnomètre est formé de deux pièces ; la première est un disque circulaire de liège : la seconde est une espèce de règle divisée en pouces & lignes, & celle-ci est plantée perpendiculairement dans celle-la. Il est bien évident que cet œnomètre, étant très-léger, surnagera sur le vin qui remplit le puits cylindrique, lorsqu’on l’y aura placé, & qu’à mesure que l’élévation de la liqueur aura lieu, celle de l’odomètre ou jauge suivra les mêmes proportions : on verra donc, par le moyen des nombres marqués à côté des graduations, si la liqueur continue à s’élever, si elle est stationnaire ou rétrograde. L’ordre des pouces commençant par le chiffre premier, ensuite deux, & en continuant selon la série de notre système de numération, on ne pourra se tromper, lorsque l’on apercevra un chiffre qu’on n’avoit pas encore vu. On peut regarder cet instrument comme une échelle d’élévation & d’abaissement du vin, propre à comparer la marche, non-seulement de la fermentation d’une espèce de vin, mais encore de toutes les espèces, sur-tout quand la masse & les autres circonstances sont égales. Cet œnomètre comparatif, parlant toujours la même langue, sera relativement au vin, ce que le thermomètre est par rapport à la chaleur des corps : on pourra comparer le vin d’une année avec celui d’une autre ; le vin d’une contrée avec celui d’un pays éloigné, pourvu que toutes les circonstances soient les mêmes.

» Il est inutile de prévenir que le fond intermédiaire de la cuve[1] doit être percé d’un trou suffisant pour y recevoir une partie du puits cylindrique qui sera plus ou moins long, & au moins jusqu’à la moitié de la cuve ; & qu’au fond supérieur de la cuve ou couvercle, Fig. 6, on a dû ménager une petite ouverture correspondante, pour y laisser passer la tige de l’odomètre : de cette façon, on verra les progrès de la liqueur fermentante, sans être obligé de regarder dans la cuve : voilà, si je ne me trompe, le moyen simple, fixe & à la portée des cultivateurs, qui est l’objet direct & essentiel du problème proposé, à en juger par le programme académique, dont je n’ai pas dû m’écarter.

» Je préfère ce moyen qui est très-simple, à un autre qui l’est un peu moins, & que j’ai aussi imaginé. Il consiste à plonger dans le puits un corps cubique, par exemple, suspendu au bras d’une balance, Fig. 9 ; un poids mis dans le bassin opposé

  1. Voyez sa représentation figure 5, 6 ; de la Planche XVII déjà cité, & ce que l’on pense de cette invention.