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ainsi chargé de myrrhe, fournissent l’huile de myrrhe par défaillance ; & un collyre fort usité, quand on les remplit de vitriol blanc & d’iris de Florence en poudre.

Enfin, les coques ou coquilles d’œufs se préparent sur le porphyre pour l’usage médicinal : c’est un absorbant absolument analogue aux yeux d’écrevisses, aux écailles d’huîtres, aux perles, à la nacre, &c. Cette substance terreuse est un des ingrédiens du remède de Mlle . Stéphens.

On a donné plusieurs moyens de conserver long-temps les œufs dans leur qualité d’œufs frais. M. de Réaumur entr’autres a conseillé de les enduire de vernis, d’huile, de graisse, &c. ; mais le succès de ces préparations n’est pas aussi certain que cet auteur l’avoit avancé. Au bout de quelques mois le plus grand nombre de ces œufs se gâte. Il n’y a que ceux qui n’ont pas été fécondés qu’on puisse se promettre, avec quelque apparence, de conserver long-temps frais par ces moyens.


OIE, OISON, JARS. Le premier nom désigne la femelle, le second, le petit, le troisième, le mâle. Von-Linné appelle cet oiseau de basse cour, anas anser domesticus, & confond son espèce avec celle de l’oie sauvage.

Je n’ai jamais suivi l’éducation des oies ; je ne puis rien dire d’après ma propre expérience ; je vais présenter l’extrait des ouvrages des auteurs qui me paroissent avoir le mieux connu les soins qu’elles exigent.

On connoît deux espèces d’oie domestiques, la grande, & la petite qui en est une variété ; on ne doit s’occuper que de la première, parce qu’elle rapporte plus de profit. Les bonnes oies sont celles qui pèsent dix livres, lorsqu’elles sont engraissées. Leur couleur varie comme dans tous les oiseaux domestiques ; elle est brune, cendrée, ou blanche ou mêlée de brun & de blanc ; le mâle est ordinairement blanc, grand de corps, à col long, ailes amples, la queue ronde, un anneau blanc près du croupion ; le dos élevé & rond, bien moins plat que celui des canards ; le bec pointu vers le bout, plus crochu que celui des canards, rouge ; le bec & les pieds des jeunes sont roux.

L’oie, en colère, siffle comme les serpens, & elle est très-susceptible de conserver de la rancune. Cet oiseau vit très-long-temps ; on dit même plus de quatre-vingts ans.

L’oie a le sommeil très-léger, elle sert de garde dans la basse-cour, & personne n’ignore combien elles furent utiles aux Romains, en avertissant les citoyens par leurs cris, de l’approche de l’ennemi au pied des murs du Capitole.

On élève beaucoup d’oies dans les provinces abondantes en rivières, en étangs, &c., cependant le voisinage des eaux n’est pas indispensable à leur éducation ; il suffit, dans les pays où l’on n’a pas cet avantage, de leur faire creuser un petit réservoir où ces oiseaux puissent barboter.

L’auteur du Dictionnaire raisonné des animaux, Paris, Bauche 1759, dit : « on en voit le long de la Loire, s’assembler en un certain temps de l’année, & faire leur passage en d’autres pays, d’où elles reviennent ensuite, chacune dans leurs maisons, ce qu’elles pratiquent tous les ans. » L’oie est aussi vo-