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pompera la quantité qui lui est nécessaire pendant l’été suivant. D’ailleurs la terre humectée pompera plus aisément les sels de l’atmosphère ; elle subira une espèce de fermentation, se bonifiera, & aura acquis l’état le plus favorable à la végétation.

Section III.

De la plantation de l’olivier.

Avant de planter l’arbre, on doit donner un fort coup de bêche (voyez ce mot) au fond de la fosse & tout autour, afin qu’il y ait plus de terre travaillée ; on jette ensuite sur ce fond des gazonnées, si on en trouve dans le voisinage, ou bien une couche de fumier très-consommé, afin qu’il attire vers lui les nouvelles racines, & les oblige à pivoter. La terre de la circonférence sera jetée peu à peu & à la hauteur que l’on croira nécessaire. Alors on mettra l’arbre en place, car on suppose qu’il a été couronné ou sur place ou dans la pépinière, afin de le manier avec plus de facilité dans la suite.

L’arbre mis en situation, le premier soin doit être d’étendre & de disperser uniformément ses racines, de manière qu’il ne s’en trouve pas plus d’un côté que de l’autre, & que toutes leurs extrémités plongent dans la terre remuée. Ensuite, avec les mains ou avec le manche de quelque outil, on tasse la terre entre les racines, au point qu’il ne reste aucun vide. Si c’est un arbre jeune ou de pépinière, on fera ce que l’on appelle souffler ses racines, c’est-à-dire qu’on le soulèvera par de petites secousses, afin que ces racines se recouvrent de terre, & que cette terre s’insinue entre leurs interstices.

Si on a des balles de froment, d’orge, &c., ou bien de la paille hachée très-menue, (les balles sont préférables) on en fera une couche au-dessus des racines, lorsqu’elles seront couvertes de terre ; cette couche s’oppose à la trop grande évaporation de l’humidité & devient un bon préservatif contre la chaleur attractive de l’été.

Que l’arbre soit planté avant, pendant, ou après l’hiver, il est prudent de faire jeter sur la fosse une masse d’eau ; par exemple, la valeur de soixante bouteilles, mesure de Paris, afin d’obliger la terre de se tasser aussitôt & de faire corps avec ses racines. Cette irrigation deviendra cependant dangereuse si l’hiver est rigoureux, parce que l’eau attire le froid, ou plutôt son évaporation augmente le froid, elle le rend plus piquant, & ses effets deviennent plus funestes ; mais toute plantation faite après l’hiver exige une semblable irrigation, & même beaucoup plus forte.

Après l’irrigation on achève de combler la fosse avec la terre de la circonférence. Par une coutume bizarre on amoncelle la terre contre le tronc de l’arbre qui devient la partie dominante, & celle des bords la plus basse. Ce devroit être précisément le contraire, puisque la partie du milieu ne peut se tasser autant que celle des bords, attendu que la souche & les grosses racines ne diminuent jamais de volume. S’il survient une pluie par la suite, l’eau s’écoule entre la terre remuée & celle qui ne l’est pas, & les racines en profitent très-peu. Si, au contraire, la partie du milieu est la plus basse & les côtés relevés, l’eau pluviale est imbibée par le centre, & les racines en profitent. D’ailleurs, la souche de l’olivier, le collet de ses racines, ont une tendance