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glace extérieure, & l’intérieure, se fondent en même temps. Il me paroît qu’au moyen de ces exemples, on peut déterminer s’il est avantageux ou nuisible de fumer les oliviers, avant, pendant, ou après l’hiver, toutefois cependant ayant égard aux positions des champs, aux circonstances locales que je ne puis ni spécifier ni décrire.

Si on a consulté les mots amendemens, engrais, fumier, on aura vu quelle est leur manière d’agir, de se combiner avec la terre, de lui rendre les principes qu’elle a perdus par la production des récoltes. Il est prouvé dans l’article labour, que les labours ne peuvent pas suppléer les engrais, & que leur multiplicité ne redonne pas à la terre les matériaux dont elle forme la séve, sur-tout si chaque récolte l’a dépouillée de l’humus ou terre végétale, à moins que le sol du champ ne soit formé par un dépôt, & qu’il ne soit d’excellente nature ; alors il est, pour ainsi dire, inépuisable en principes.

L’expérience journalière & de tous les temps, a prouvé que l’olivier exigeoit des engrais ; ils lui sont plus ou moins nécessaires, suivant les espèces, & suivant la nature du sol. Lorsque les labours du champ sont donnés avec l’araire, (voyez le mot charrue) il en exige davantage, parce que les racines fibreuses s’étendent presqu’à sa superficie : il en est de même, lorsque les olivettes sont semées en grains ; la récolte du blé ou du seigle appauvrit le sol. Pline, Caton, Columelle, exigoient que l’olivier fût fumé au moins tous les trois ans.

On exige de cet arbre une abondante récolte ; & quoiqu’on le traite rigoureusement par la taille, on désire qu’il jette beaucoup de bois nouveau. La nourriture doit donc être proportionnée aux besoins & à la consommation des principes séveux, ainsi nul doute à ce sujet, & l’expérience a prouvé que telle ou telle espèce d’olivier qui se charge naturellement de plus de bois que telle autre, a besoin d’une forte masse d’engrais ; mais à quelle époque convient-il de fumer, c’est là le point de la question.

L’automne me paroît être la saison la plus favorable, & le mois d’octobre doit être choisi de préférence. Il fait encore trop chaud en septembre, & souvent trop froid en novembre ; quant au transport des terres nouvelles, des plâtras, &c. il peut avoir lieu dans toutes les saisons, & sur-tout à la fin de novembre, afin que les pluies de l’hiver puissent les lessiver & pénétrer la terre du sel qu’elles en ont extrait.

Il est essentiel de ne pas perdre de vue que je parle d’un fumier fait, d’un fumier qui a subi la fermentation putride, en un mot, d’un fumier dont la chaleur de la masse est, à peu de chose près, égale à celle de l’atmosphère : cet engrais charrié en automne, & enterré tout de suite par un labour, donnera de la vigueur à l’arbre dont les fruits, qui ne seront cueillis qu’en novembre ou en décembre, seront plus gros & mieux nourris. S’il survient des pluies, la dissolution de ce fumier, & la combinaison de ses principes avec ceux de la terre, seront promptes, & tourneront au profit de l’arbre & à la bonification du sol. On ne craindra pas que ce fumier bien consommé attire la fraîcheur pendant l’hi-