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Chaque tenancier a reçu de la nature le droit de retourner son fond comme il lui plaît ; mais personne n’a celui d’attenter à la vie de ses voisins. (Voyez le mot Étang)

On dit que le marc des raisins jeté dans la circonférence d’un olivier, chasse les insectes qui nuisent à ses branches, à ses racines. Cette assertion est vraie, sans doute, puisque les cultivateurs s’accordent sur ce point ; mais je n’ai pas été assez heureux pour en voir les bons effets, quoique je l’aye essayé à plusieurs reprises différentes. Je conviens que de ce marc il s’exhale un acide volatil, & que les insectes qui se sont reposés sur ses branches, en étant incommodés, abandonnent la place ; celui qui est en état de ver, & qui vit dans l’intérieur des bourgeons & de leur propre substance, ne peut pas s’envoler : il doit donc mourir dans sa prison, d’où il ne sortiroit qu’après s’être métamorphosé en chrysalide, & avoir pris ensuite la forme d’un insecte ailé. J’avoue que malgré ce marc, malgré l’activité de l’acide volatil qui s’en échappe, j’ai toujours trouvé le ver plein de vigueur, ainsi que celui qui est niché dans le fruit.

Quant aux insectes qui attaquent les racines, si le marc, après avoir été enfoui, les incommode, ils descendent un peu plus bas, & travaillent tout à leur aise. D’ailleurs la partie volatile pénètre la terre, s’échappe par sa superficie, & ne se précipite pas au-dessous de la partie où le marc est placé. Que le marc produise ou ne produise pas l’effet dont on vient de parler, il n’en est pas moins vrai qu’il forme un très-bon engrais, & encore meilleur, si on l’a laissé pendant un temps convenable fermenter avec des matières animales.

Il ne faut jamais perdre de vue que les fumiers, de quelque nature qu’ils soient, n’agissent qu’autant qu’il y a eu décomposition de leurs principes constituans ; que de cette décomposition, il est résulté une recomposition nouvelle & de nouveaux principes, différens des premiers, & très-susceptibles d’être dissous par l’eau ; que c’est de l’union de ces derniers avec ceux du sol, que résulte la vraie combinaison savonneuse qui constitue la séve ; que dans cette séve on y trouve l’eau, la terre, l’huile, le sel & l’air fixe en grande quantité ; que c’est de la juste proportion du mélange de ces principes que dépend la plus ou moins bonne végétation de toute espèce de végétaux quelconques ; enfin, que jamais un fumier, qui n’est pas à son point de consommation requis, ne produira une juste combinaison, étant une fois disséminé & enfoui dans le champ.


CHAPITRE VIII.

De la taille de l’olivier.


En Corse on ne taille point l’olivier, ou du moins j’ignore si depuis dix ans cette coutume s’y est introduite ; dans quelques parties de l’Italie, on les taille rarement ; à Nice, à Antibes près Toulon, les oliviers ressemblent par leur hauteur, aux arbres forestiers de la seconde classe. Dans les environs d’Aix, ils sont tenus si bas par la taille, que l’on cueille l’olive à la main ; depuis Nismes jusqu’à Pézenas, ces arbres sont