Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/276

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Peut-on cueillir ainsi les fruits d’un olivier placé sur le bord d’un tertre, d’un endroit escarpé, rempli de ronces, de broussailles, &c. ? Que font quelques légères exceptions, de petits cas particuliers à une marche générale ? Alors cueillez, gaulez, faites comme vous pourrez. Si tous les oliviers d’un propriétaire étoient ainsi placés, il vaudroit mieux, pour ainsi dire, abandonner à elle-même une semblable olivette, parce que la levée de la récolte en devient excessivement dispendieuse.

Avant de commencer la levée de la récolte, on doit faire passer les femmes rangées les unes auprès des autres, & sur un rang de front, afin qu’elles ramassent toutes les olives déjà tombées par terre. Lorsqu’elles ont fini un rang, elles en reprennent un second également sur toute la longueur du champ, & ainsi de suite, jusqu’à la fin, après quoi la récolte commence. Ces olives exigent d’être rigoureusement mises à part, parce que l’huile qu’on en retire est détestable.

Le propriétaire vigilant suivra les femmes dans leur travail, ou du moins il aura quelqu’un de confiance qui le remplacera. Il observera qu’elles ne fassent pas à la dérobée quelques cachettes dans le coin d’un champ ou ailleurs, & sur-tout qu’elles ne remplissent pas d’olives, leur poches toujours très-amples dans cette occasion. C’est avoir bien mauvaise idée de son prochain, me dira-t-on ; mais pourquoi ce prochain que je paye pour travailler & non pour me voler, me force-t-il, par sa conduite, à prévenir de ses escroqueries, ceux qui sont dans le même cas que moi.

Si on a gaulé les arbres, il faut absolument faire repasser les femmes avec autant de soin qu’avant la récolte, attendu que la gaule disperse un très-grand nombre d’olives ; elles seroient perdues sans cette précaution ; si, au contraire, les olives ont été cueillies à la main, il suffit que les femmes fassent le tour du pied de l’arbre & parcourent les environs de l’espace que les toiles occupoient sur le sol ; ce qui est une très-grande diminution dans le travail

À l’article huile d’olive, déjà cité, on a désigné l’époque à laquelle on doit cueillir les olives ; on y voit l’abus criant de les amonceler, & la perte réelle qui en résulte quant à la quantité & à la qualité de l’huile : j’ajoute seulement ici qu’on doit choisir, autant que la saison le permet, un beau jour pour la récolte : si le ciel est pluvieux, le travail va très mal ; s’il est froid, comment exiger des femmes, qui ont les doigts engourdis, une célérité impossible. Il est donc important de multiplier les bras, lorsque les jours sont beaux, afin de profiter d’une circonstance heureuse, qu’on trouve difficilement dans la saison. Cette observation est importante, lorsque l’on veut se procurer une huile de bonne qualité. La rapidité de la cueillette est moins urgente, s’il ne s’agit que de la quantité, ou si le manque de bras force à la différer. Les olives se conservent saines sur l’arbre jusqu’en avril ; mais celles qui tombent pendant ce laps de temps, se pourrissent bientôt, & servent à assouvir la faim des troupeaux, que les bergers mènent furtivement dans les olivettes. Les pies, les étourneaux font de grands dé-