Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/279

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examiner ; après les avoir laissés sécher, & être bien assuré qu’il ne restoit aucune portion huileuse du fruit, les noyaux furent cassés, & toute l’amande & ses plus fines parties furent rigoureusement séparées. Après avoir rassemblé une certaine quantité de bois de noyau, & l’avoir réduite en poudre fine, elle fut étendue sur un tamis de soie qui fut exposé à la vapeur de l’eau chaude. Après que cette vapeur eut pénétré la poudre, & qu’elle eut été fortement imbibée, le tout fut placé dans un sachet à tissu très-serré & exposé à une bonne presse. La liqueur reçue dans un vase laissa appercevoir, après le repos, quelques gouttelettes d’huile, mais en très-petite quantité.

L’eau obtenue par l’expression, avoit un goût complètement différent de celui qui est propre à l’eau des olives, séparée de l’huile, soit à froid soit à chaud. L’huile n’a jamais été claire, limpide, mais semblable à une gelée laiteuse ; sa saveur étoit fade, rance, & son odeur nauséabonde. Cette substance recueillie avec le plus grand soin, & mise dans une bouteille où il y avoit de l’esprit de vin & tenue bien bouchée, a augmenté en odeur & en saveur appelées de carde. Elle a toujours conservé la même consistance & la même couleur ; & après quelques mois l’esprit de vin a perdu sa propre odeur, & s’est adapté celle de l’huile, c’est-à-dire l’odeur de carde, odeur rebutante. J’ai mis sur la langue un atome de cette huile, & après m’être rincé la bouche, avoir craché sans cesse, il m’est resté encore une heure après la sensation la plus désagréable

Mon expérience diffère de celle de M. Sieuve, en ce que sept livres, deux onces de bois de noyau lui ont fourni trois livres quatorze onces d’huile, c’est-à-dire plus de la moitié du poids ; tandis que d’une demi livre environ de noyaux, j’ai seulement retiré à peu près le volume de deux à trois grosses lentilles en huile : sans doute que M. Sieuve n’avoit pas été exact à séparer la partie charnue & huileuse qui adhéroit aux noyaux destinés à ses expériences. Je suis certain qu’une seule goutte de cette huile suffiroit pour infecter en moins de six mois une masse d’huile capable de remplir vingt bouteilles ; d’où l’on doit conclure que le bois du noyau est un corps étranger à la fabrication de la bonne huile ; & d’après l’observation de M. Amoreux, qu’il absorbe en pure perte beaucoup d’huile. Il nous reste à examiner l’huile des amandes & des différens marcs. Elles furent lavées avec soin & à plusieurs eaux, afin de les priver de tout mélange.

Cette huila est claire en sortant de la presse ; sa couleur est moins foncée que celle de l’huile du fruit, & elle ne fait point de dépôt. Sa saveur est aussi douce que celle de l’huilé d’amande douce : tenue dans une fiole bien bouchée, & placée dans mon cabinet où la chaleur est pendant l’hiver à peu près à dix degrés, elle y est restée quinze mois depuis sa fabrication ; & aujourd’hui elle a été débouchée, je lui ai trouvé une odeur, qui n’est point celle de l’huile du fruit, mais aromatique, sentant un peu l’onguent. Sa saveur est différente de celle de l’huile faite à la même époque, avec la chair, le noyau & l’amande de l’olive, tenue dans les mêmes circonstances que celles dont je parle : celle de l’amande est résineuse, un peu âcre quoique douce, & sans