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sépare les vieux pieds, & on les divise par œilletons, & on les plante à huit à douze pouces de distance les uns des autres.

Le semis demande une terre meuble, bien préparée, la graine doit être recouverte d’un demi-pouce de terreau ou de terre légère. On la sème ou par sillons ou à la volée : la première méthode est à préférer, elle facilite le sarclage des mauvaises herbes & les petits labours : de temps à autre on arrose au besoin, & on replante ensuite quand le pied est assez fort, & on arrose aussitôt. Six semaines après, on peut commencer à cueillir. Il est rare de former des planches entières d’oseille ; elle sert plus utilement de bordure aux quarreaux, elle les dessine à la vue, les circonscrit & en retient la terre. L’oseille ainsi plantée subsiste pendant dix à douze ans, si on a soin de regarnir les places vides. Il vaut beaucoup mieux la renouveler tous les six ans, afin d’empêcher le pied de trop s’étendre, de trop s’élargit & de détruire l’alignement. Dans les provinces du midi la plante se hâte de monter en graine, sur-tout si on la laisse éprouver la sécheresse. Il est donc essentiel de couper les tiges à mesure qu’elles paroissent, & d’arroser souvent, ce qui multiplie les feuilles. Chaque fois que l’on coupe les feuilles, il faut les retrancher très-près du collet de la racine.

Lorsque l’on veut avoir la graine, on permet à la plante de pousser ses tiges, & l’on connaît que la graine est mûre, lorsque le calice qui l’enveloppe est d’un rouge brun. On coupe alors les tiges, on les expose ensuite sur un drap au soleil, enfin on les bat. Cette graine conserve pendant trois ou quatre ans sa vertu reproductive.

Les curieux cherchent de bons abris contre lesquels ils transplantent dans le mois de novembre des pieds d’oseille bien enracinés & avec leur terre. Dès que les froids surviennent, ils les couvrent avec des paillassons : de cette manière ils ont de l’oseille pendant tout l’hiver. Les grands amateurs préparent des couches à cet effet, (Voyez ce mot) ils leur donnent des réchauts au besoin, les couvrent avec des cloches & des paillassons, &c. C’est acheter bien cher une poignée de mauvais herbage… La rareté des fumiers interdit cette amusette dans les provinces du nord, & par le secours des paillassons & des abris, il est facile d’avoir de l’oseille en hiver dans celles du midi.

Propriétés médicinales. Les oseilles des jardins sont les plus communément employées. On peut les suppléer sans crainte par l’oseille des prés, en observant que les feuilles de celle-ci sont plus acides & ses racines plus styptiques.

Les feuilles d’oseille sont légérement nutritives ; elles sont indiquées dans le scorbut, la fièvre inflammatoire, la fièvre putride & dans les espèces de maladies où les humeurs tendent à la putridité. Elles tempèrent la soif & la chaleur de tout le corps, elles tiennent le ventre libre : sous forme de cataplasme, elles diminuent la chaleur des tumeurs phlegmoneuses, & les font dégénérer promptement en abcès, principalement lorsque la chaleur, la rougeur & la douleur sont vives. L’eau distillée des feuilles d’oseille n’a pas plus d’efficacité que l’eau des rivières : le sirop d’oseille est semblable au suc exprimé des feuilles, édulcoré avec