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la conduite du bouvier. On a souvent vu le bœuf ancien, celui qui s’est constitué le chef, presser les pas tardifs de ceux qui ne reviennent pas avec les autres, & les forcer à coups de cornes à traverser la rivière.

Dans les pays élevés, comme les montagnes de l’Auvergne, du Lyonnois, de la Bourgogne, de la Comté, des Cévènes, des grandes chaînes des Alpes, des Pyrénées, &c. on sacrifie les hauteurs au pâturage du bétail ; mais il faut observer qu’elles sont destinées, ou à celui qu’on élève, ou à celui qu’on se propose d’engraisser. Est-il plus avantageux de mettre en pâture les vaches à lait, & les bœufs à l’engrais, ou de les nourrir dans l’étable ? cette question très-importante, a été discutée avec l’étendue qu’elle exige à l’article bétail, ainsi consultez ce mot. Je pense que celui qu’on élève ne sauroit avoir trop de liberté, afin d’assouplir davantage ses membres, & d’augmenter sa force par l’exercice ; car il ne s’agit pas ici d’obtenir plus de lait, ou un engrais plus ferme & plus prompt.

Les bœufs destinés & déjà soumis au labourage, ont le plus grand besoin de pâturage, non pour faire de l’exercice, puisqu’ils en font un assez pénible en labourant chaque jour, mais pour trouver une herbe fraîche, & sur-tout pour sortir de leurs étables sales, infectes, & où l’air est étouffé, & de plus de moitié putride lorsqu’elles sont tenues ou resserrées suivant la coutume ordinaire. On pourroit cependant, à l’exemple de quelques cultivateurs, intelligens, tenir le bétail pendant le jour en été, dans un lieu ombragé, & exposé au courant d’air, y pratiquer des râteliers que l’on rempliroit à plusieurs reprises d’herbes fraiches. L’économie du fourrage seroit très-grande, & l’animal s’en trouveroit mieux. On objectera sans doute la peine de faucher ou de ramasser chaque jour l’herbe nécessaire, tandis qu’en pâturant l’animal la consomme sur les lieux ; mais on ne compte pas 1°. la meilleure santé de l’animal ; 2°. le dégât très-considérable qu’il fait de cette herbe en la piétinant ; encore une fois consultez l’article Bétail.

Le cultivateur prévoyant pense de bonne heure à se procurer des pâturages d’hiver ; à cet effet, après que les blés ont été coupés & leurs champs labourés, il sème des navets ; des turneps, des carottes, &c. enfin de toute espèce de grains, rebut de l’aire, pour les faire manger au bétail pendant les jours que la rigueur de la saison lui permet de sortir de l’étable ; mais une fois que la douce haleine du printemps ranime la végétation, que chaque tige commence à s’élever, qu’elle se dispose à monter en graine, l’entrée du champ est interdite ; & lorsqu’elle commence à fleurir, un fort coup de charrue l’enfouit, & ces plantes rendent avec usure à la terre les sucs qu’elles ont reçus (Consultez le mot Amendement) & deviennent par leur décomposition, un engrais excellent. (Consultz le mot alterner) C’est ainsi que l’on est parvenu insensiblement à enrichir des champs, & qu’on est étonné aujourd’hui des récoltes qu’ils fournissent,


PATURON. Médecine vétérinaire. On appelle ainsi dans le cheval, cette partie située entre le boulet & la couronne. (Voyez ces mots)

Il faut en observer : 1° l’épaisseur qui doit être proportionnée à celle