Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/548

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purement locales ; car le fait a été démenti par des expériences faites sur le même sujet & sur le même sol. Dans d’autres endroits on a la fureur de généraliser, d’établir des préceptes ; le plus petit essai détruit une assertion générale. M. Duhamel se plaint, avec raison, qu’on greffe trop peu sur l’abricotier venu de noyau ; j’en ai vu très-bien réussir dans des terrains où le prunier & l’amandier étoient mal venus, & le très-judicieux continuateur des ouvrages de feu M. l’abbé Roger de Schabol, M. de la Ville-Hervé dit : « je m’embarrasse fort peu de la distinction des terres fortes ou légères, de celles qui ont du fond ou de celles qui n’en ont pas, j’ai toujours préféré de planter sur amandier dans quelque terrain que ce soit. »

La végétation de l’abricotier, & sur-tout de l’amandier, a beaucoup plus d’analogie avec celle du pêcher qu’avec celle du prunier ; les trois premiers sont en fleurs, à peu de chose près, à la même époque, tandis que la sève est à peine en mouvement dans le prunier : c’est que l’abricotier, le pêcher & l’amandier, fleurissent dès que la chaleur de l’atmosphère est au degré qui leur convient, & que le prunier exige un degré plus fort. Si le pêcher greffé sur prunier fleurit en même temps que ceux qu’on a greffés sur amandier ou sur abricotier, ce n’est pas à raison du pied & des racines, mais c’est à raison de la chaleur ambiante qui agit sur le tronc, sur les branches, &c. Je ne veux pas dire pour cela que la chaleur imprimée à la terre n’y contribue en rien ; mais jusqu’à ce moment, c’est pour peu & très-peu. Consultez l’article Amandier, & lisez ce qu’on y dit des belles expériences de M. Duhamel. La végétation du prunier n’ayant pas lieu dans le même temps que celle du pêcher, la partie de ce dernier en végétation ne subsiste donc que des sucs séveux qui se trouvent répandus dans les branches & dans son tronc, & il se passe plusieurs jours avant que ces sucs soient renouvelés par ceux qui montent des racines. Cette intermittence de séve ne paroît-elle pas être la cause de plusieurs maladies plus particulières aux pêchers greffés sur pruniers, que sur les autres greffés sur franc ou sur amandier & abricotier ? Cet apperçu demanderoit à être suivi de près par un amateur éclairé.

La greffe (consultez ce mot) perpétue les espèces ; elle les perfectionne : mais elle n’en crée pas de nouvelles.

On greffe en écusson, & à œil dormant, depuis le milieu de juillet jusqu’au milieu d’août, suivant le climat ; mais on doit observer que le pied qui reçoit la greffe soit fort, sain, vigoureux, & sur-tout que sa grosseur soit d’un pouce de diamètre : autrement la greffe formera bourrelet, (voyez ce mot) & cet arbre ne prospérera jamais bien ; c’est un arbre de rebut. Le bourrelet se forme bien plus aisément, toutes circonstances égales, sur le prunier qui sert de sujet, que sur les amandiers, pêchers & abricotiers, parce que la végétation est inégale ainsi que son activité.

À la fin de l’hiver, on examine si l’œil dormant est en bon état, alors on supprime, un peu au dessus de l’œil, l’excédent de la tige ; l’œil pousse ensuite, & prend se place. Je