Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/651

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concentré, une chaleur très-forte, fixée sur quelque organe, par des hémorragies & autres flux symptomatiques, par un délire frénétique autres affections de la tête & des nerfs.

Quelquefois la chaleur est peu considérable, les urines & le pouls ne s’écartent point de l’état naturel. La langue est noire ou jaunâtre. Les malades rejettent les alimens & les boissons qu’ils prennent. Ils ont quelquefois des vomituritions, des inquiétudes, & des agitations perpétuelles. On apperçoit des soubresauts dans les tendons, & autres mouvemens convulsifs. Les uns sont abattus au commencement de la maladie, & quelquefois si consternés qu’ils prévoient leur mort prochaine. Les autres conservent leurs forces jusqu’à la mort. Il y a quelquefois aussi un frisson très-considérable auquel succède une chaleur extrême qui est bientôt suivie, comme l’a très-bien observé Wanswiesten, d’un engorgement gangréneux sur quelque viscère, & très-souvent d’une éruption de boutons gangréneux avec escarre.

Mais le symptôme le plus caractéristique est l’odeur que les malades exhalent dans la sueur, qui varie dans les différentes épidémies de peste, & qui tantôt est fétide, & tantôt est douceâtre, mais toujours désagréable ; elle infecte non-seulement les linges & les lits des malades, mais encore les chambres.

Quand la peste a duré un certain temps, il survient des pétéchies, des parotides, des bubons & des charbons qui ont la figure du clou, ou la forme des taches gangréneuses, pour l’ordinaire circulaires, avec une vessie aplatie sur le milieu, & bordées de taches miliaires. On y observe tout autour un emphysème qui n’est produit que par l’air qui se dégage des solides & des fluides, & qui pénètre le tissu cellulaire.

Les pétéchies de couleur noire & plombée, sont de très-mauvais augure, & annoncent un vrai sphacèle. Celles qui sont d’un rouge vif, sont beaucoup moins dangereuses. Les urines claires, ténues, ou épaisses & rares, annoncent encore que la corruption a fait beaucoup de progrès, & que la maladie n’a pas passé par cet état muqueux, qui auroit donné le temps de placer les remèdes les plus appropriés. Les hémorragies & les dévoiemens entrent aussi dans la classe des mauvais symptômes. Les charbons sont plus dangereux que les bubons. Les premiers sont des tumeurs gangréneuses, & les derniers des tumeurs inflammatoires. Geoffroi observa dans la dernière peste qui régna à Marseille, qu’un seul charbon étoit plus dangereux que plusieurs. Les bubons peuvent paroître plus tard, & être encore salutaires : Forestus a remarqué que les charbons étoient d’autant moins dangereux qu’ils paroissoient de meilleure heure dans les parties éloignées du cœur, de l’estomac & du cerveau. Cependant on a vu des charbons survenir aux extrémités, & être accompagnés de sueurs froides, & d’un picotement à l’épigastre, & devenir bientôt funestes. Hippocrate a vu survenir au doigt un dépôt qui fut bientôt suivi de la mort. C’est sans doute que ce dépôt étant trop resserré par les parties nerveuses qui l’environnoient, & ne pouvant pas s’étendre