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dans cette vue que Forestus recommande de les donner avant qu’il se soit écoulé douze heures depuis l’invasion. Le second temps est lorsque la maladie est plus avancée & que la nature tend à la crise. Le meilleur sudorifique modéré, est le vinaigre distillé, si recommandé par Quesnai. On peut encore donner l’infusion de rhue, de scordium, de coquelicot, de racine de contrayerva, le rob & la fleur de sureau, la décoction de racine de scabieuse ou de bardane. Le camphre & le nitre peuvent être très-avantageux. Il faut accorder peu d’alimens à la fois aux malades ; mais leur en donner souvent, en se réglant toujours sur la durée & la rapidité de la maladie, sur la coction qu’il faut craindre de troubler & sur les excrétions salutaires qu’il faut soutenir. Il faut de plus forcer les malades à prendre de la nourriture, sur-tout s’ils ont de la répugnance à manger.

L’eau est en général nuisible dans la peste, ainsi que les fruits aqueux. Le vin est aussi dangereux dans le commencement, maïs ensuite il est très-avantageux, sur-tout s’il est léger, si le malade est foible & accoutumé à en boire.

L’éruption des bubons est toujours annoncée par la douleur de la partie. On la facilitera par l’application des animaux vivans, ouverts, ou des sachets émolliens. Si les bubons sont inflammatoires quand ils sont sortis, ils demandent celle des cataplasmes émolliens, combinés avec les résolutifs. S’ils sont molasses ou empâtés, on y excitera l’inflammation & on en augmentera la suppuration par des irritans, tels que la vieille thériaque, les gommes dissoutes dans le vinaigre scillitique.

Lorsque le bubon est formé, on doit l’ouvrir avant qu’il soit parvenu au degré de maturité parfaite, Le bistouri est préférable à la pierre à cautère, & on doit aussi panser soigneusement avec un digestif animé de quelque mercuriel, tel que le précipité rouge, le mercure doux ou la panacée.

Dans le traitement des charbons, on doit avoir en vue le détachement des escarres. Pour cet effet, on fera des mouchetures sur les parties voisines, afin d’y exciter l’action du principe vital. On évitera avec soin les taillades profondes, parce qu’elles sont nuisibles, tant par les douleurs qu’elles causent, que par l’épanchement des sucs qu’elles augmentent, & la putréfaction qu’elles facilitent. On scarifiera très-légèrement les sujets sensibles, & on fomentera ensuite la partie avec l’esprit de vin camphré. On peut encore procurer cette chute en touchant la pointe du charbon, en brûlant tout autour avec la pierre infernale, & en pansant ensuite avec un digestif animé, par dessus lequel on applique un cataplasme émollient. Mais lorsque la position du charbon fait craindre la répercussion de la matière sur les parties voisines du cœur, ou sur tout autre organe essentiel à la vie, il faut faire des scarifications profondes. Dans les sujets robustes, le cautère actuel est le meilleur moyen, parce qu’il agit mieux & plus promptement, & change d’une manière plus essentielle & plus avantageuse que les scarifications & la pierre a cautère, le mode inflammatoire gangréneux du principe vital.

Le quinquina ne doit point être oublié. On doit le combiner avec les acides. On l’a vu faire des miracles, lorsque