Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/662

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’est point des fumigations connues qui purifient par une vertu spécifique démontrée, l’air corrompu dans les maladies pestilentielles. Les émanations volatiles des diverses substances aromatiques & acides, comme elles corrigent la puanteur d’un air infect, peuvent modifier les impressions de cet air sur les nerfs. Cette faculté doit être reconnue par l’expérience, & non par le préjugé qui attribue des vertus résolutives & antiputrides, à des semblables émanations lorsqu’elles ont été reçues dans l’intérieur du corps de l’animal.


4o. Allumer des feux devant les étables.

L’usage des feux dans les temps de peste, est très-ancien. On sait quel parti Hippocrate en a tiré dans la fameuse peste d’Athènes. M. Vicq d’Azyr dit que le feu établit un courant d’air, & fait l’office de ventilateur. M. Barberet conseille l’usage du soufre & du salpêtre en fumigation. On peut aussi se servir des résines.

Voilà à peu près à quoi se réduisent les moyens préservatifs contre les maladies pestilentielles ; mais, nous le répétons, le premier soin est de renfermer les bestiaux, & d’empêcher toute communication. Sans cette précaution, tous les autres préservatifs sont, ou infidèles, ou trompeurs, ou insuffisans, ou dangereux. Telle est l’eau de chaux qu’on a donnée pour un bon préservatif, & dont l’usage continué deviendroit enfin plus dangereux même que la maladie. L’eau de chaux, ou plutôt le lait de chaux, n’est bon après avoir bien lavé les demeures, les ustensiles à l’eau bouillante, brûlé la paille, le fumier, la litière, &c. regratté les murs & le pavé, qu’à passer un enduit sur les murs, les crèches, &c. pour plus grande sureté ; enfin, chauler tout, s’il se peut. On ne doit pas non plus avoir une confiance entière aux eaux minérales ferrugineuses, comme préservatives : leur usage peut être de quelque utilité ; mais il est prouvé qu’un bœuf ainsi minéralisé, n’en contracte pas moins la maladie lorsqu’on l’expose sensiblement à ses attaques ; ainsi, comme nous l’avons déjà dit, tous les préservatifs contre la peste se réduisent au soin d’éloigner les animaux de tout ce qui est capable de les infecter ; presque tous les moyens de désinfection se réduisent aux acides évaporés, au feu, à l’eau, & au lait de chaux, pour plus grande sûreté.


Des moyens curatifs.

Le traitement doit varier à raison du caractère particulier de la maladie, de la constitution du sujet, & d’autres circonstances.

En supposant que la maladie pestilentielle soit d’un caractère malin & putride, on doit s’attendre qu’elle produira des inflammations internes, généralement & souvent avec une marche très-rapide. Sur ce principe, il faut avoir égard à l’inflammation, sans négliger la malignité & la putridité qui accompagnent les signes inflammatoires de cette maladie, pour combattre l’état inflammatoire, qui affecte les viscères dès le commencement. On doit regarder comme extrêmement avantageux de faire la révulsion la plus puissante, en excitant par des