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Port ; arbrisseau dans les pays peu chauds ; déjà arbre forestier en Corse, mais du troisième ordre, & au moins du second en Asie, en Afrique, &c. Les fleurs naissent des aisselles des feuilles, seules à seules, soutenues par de petits pédoncules : les feuilles opposées, quelquefois trois à trois ; elles paroissent percées de petits trous comme celles du mille-pertuis. (Voyez ce mot)

Lieu ; originaire de l’Europe australe, de l’Asie, de l’Afrique ; cultivé dans les jardins, en le renfermant pendant l’hiver dans des serres.

Propriétés médicinales ; feuilles d’une odeur aromatique, d’une saveur légèrement austère ; baies sans odeur & d’une saveur austère ; fleur d’une odeur aromatique & douce. Les fleurs, les baies, les feuilles constipent, diminuent quelquefois la diarrhée par foiblesse d’estomac & des intestins. En gargarisme elles fortifient les gencives des scorbutiques. Les fleurs sont plus astringentes que les baies, & les baies plus que les fleurs. On en fait des décoctions, un extrait connu sous le nom de myrtille, qu’on donne jusqu’à la dose de deux gros, suivant le besoin : des fleurs & des feuilles on retire, par la distillation, une eau astringente, &, dit-on, cosmétique.

Propriétés économiques. Les fleurs, les feuilles, l’écorce, en un mot toutes les parties de l’arbre sont, à tous égards, préférables à l’écorce de chêne dans la tannerie des cuirs. On sent très-bien que cet emploi ne peut avoir lieu que dans les pays où cet arbre est commun & où il acquiert une certaine consistance…

Les baies fournissent aux merles une nourriture si appétissante, qu’ils deviennent gras à lard, & à cette époque, leur goût est si délicat que les gourmets les préfèrent à tout le gibier connu.

Propriétés d’agrément & culture. Cet arbuste, si agréable dans nos jardins, ne l’est guère dans les pays où il croît en grand arbre. Il est chargé d’une multitude de petits rameaux, de petites branches qui perdent leurs feuilles, parce qu’elles sont étouffées par le feuillage des rameaux supérieurs ; ceux-ci le sont à leur tour, de manière que l’arbre vu par dessous ressemble assez à un nid de pie. La seule partie extérieure est verte. Les tonnelles faites avec cet arbre ont ce défaut ; on croit être environné d’une palissade de bois mort, à moins que le ciseau du jardinier ne laisse presque pas étendre les rameaux, & ne les tienne sans cesse rapprochés du tronc par la taille, en ne leur laissant que deux à trois pouces d’épaisseur au plus. Comme les feuilles sont très-nombreuses, très-rapprochées du tronc, elles tapissent promptement & si serré, que l’épaisseur de deux à trois pouces suffit pour mettre à l’abri du soleil le plus ardent.

Il n’en est pas ainsi des palissades ; elles sont toujours agréables à la vue, parce qu’on n’en voit que l’extérieur. Elles ont besoin de tuteurs, ainsi que les tonnelles pendant les premières années ; mais dès qu’une fois les tiges sont un peu fortes, les tuteurs deviennent inutiles. Les rameaux extérieurs poussent très-vite, lorsque le climat & le sol conviennent à l’arbre ; dès-lors ils occupent beaucoup d’espace, la haie, la palissade, la tonnelle s’épaississent, gagnent sur le devant, & le tout très-inutilement. Le jar-