Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/722

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suivi & observé avec beaucoup d’attention. Ils n’en prennent qu’au tant que le besoin l’exige : c’est un remède pour eux, & rien de plus. En 1765 ou 1766, ou 1767, (je ne me rappelle, pas précisément l’époque) il régna une maladie épidémique sur les pigeons, & cette maladie dépeuploit les colombiers, ceux auxquels on donna du nitre, en furent préservés ou guéris. On doit juger d’après ce fait combien cette petite & peu dispendieuse précaution est nécessaire.

On lit dans la Maison Rustique, publiée par Liger, & dans les Ouvrages de presque tous ceux qui ont écrit après lui sur les pigeons, l’article suivant.

« De la manière de purger le colombier de vieux pigeons. Le pigeon donne des fruits dans son jeune âge, & lorsqu’il est vieux, il empêche les autres d’en donner, ou les détruit lorsqu’ils sont au jour ; du moins, c’est ce qu’assez de gens s’imaginent, quoique nous voyons tous les jours des colombiers très bien garnis, malgré qu’on ne fait aucune attention sur le nombre des vieux. Quoi qu’il en soit, il est certain que les vieux pigeons qui ont sept ans, couvent beaucoup moins que les jeunes, ils ne sont même bien féconds que les quatre remières années[1], & au-delà ils ne font que détruire & empêcher le profit ne les jeunes pourroient faire. La difficulté est de les connaître, & pour y parvenir, on croit qu’il n’y a point de moyen plus sûr que celui-ci ».

» Dès le commencement qu’on met des pigeons dans un colombier pour le garnir, il faut, en les y jetant, leur couper à chacun avec des ciseaux la moitié d’une griffe seulement[2], & marquer le temps auquel ou le fait, puis l’année suivante à pareil temps, lorsque les pigeons sont tous retirés dans le colombier, deux hommes, après que tout y a été fermé, & que l’on n’y voit plus goutte, s’y introduisent sans bruit avec une lanterne sourde, qui ne donne de la lueur qu’autant qu’il en faut pour visiter un nid, L’un de ces hommes tient la lanterne pour éclairer l’autre, qui prend généralement tous les pigeons dans leur nid, sans en oublier aucun, pour leur couper une seconde fois la moitié d’une griffe d’un autre pied, & ainsi successivement tous les ans, jusqu’à ce qu’on les ait marqués quatre fois, sans crainte que cette visite épouvante les pigeons dans le colombier, pour n’y plus rentrer un. »

» La quatrième année passée, on entre dans le colombier de la même manière qu’on a dit, excepté seu-

  1. Cela est vrai ; mais il est très-faux que les vieux dérangent les jaunes, surtout lorsque les boulins sont assez multipliés
  2. Tourment & précaution inutiles, puisque les ongles des pigeons, comme ceux des hommes, repoussent sans cesse ; & l’année suivante on ne s’aperçoit plus de la soustraction faites précédemment. Si par le mot griffe on n’entend pas la corne, mais la partie charnue du doigt ; à la quatrième année ce malheureux individu sera obligé de marcher sur le moignon du pied, puisqu’il n’a que quatre doigts. Quand l’opération a lieu successivement aux deux pieds, il ne lui reste plus qu’un doigt par devant & un doigt par derrière.