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vient presque aussi jaune que la cire. Quand la résine a acquis cette couleur, & qu’elle est bien cuite, on la fait filtrer au travers d’un peu de paille dans une autre toste, d’où elle va se rendre dans les moules pratiques dans le sable pour la former en pains.

On trace le contour des moules avec une branche fourchue qui sert de compas ; on coupe le sable avec un couteau ; quand on a ôté la terre, on en bat les bords & le fond avec des palettes de bois, & on forme ainsi des moules fort propres, & de dimensions assez égales pour que tous les pains de résine soient à peu près d’un même poids, qui est ordinairement depuis 150 jusqu’à 200 pesant, suivant la qualité du sable dans lequel on forme les moules. Ces pains de résine ont un coup-d’œil plus ou moins avantageux, & cela n’est pas indifférent pour la vente. On ramasse ensuite avec soin la paille qui a servi à filtrer la résine, tous les morceaux de bois & les feuilles qui en sont imbues ; on peut en faire du noir de fumée ou du noir à noircir, ou les réserver pour les mettre dans les fourneaux à goudron ; mais aux environs de Bordeaux, on les fait brûler dans des fours, tout chargés de résine, & suivant que l’on conduit le feu, ou que l’on fait cuire plus ou moins la résine qui en découle, on obtient une matière résineuse plus ou moins noire, ou plus ou moins dure ; on la renferme ensuite dans des barils pour en faire la vente ; c’est une espèce de brai plus ou moins gras, qu’on nomme, quoique mal à propos, poix-noire.

Le galipot, cette matière liquide qui découle des pins pendant l’été, peut, lorsqu’il n’a point été épaissi par la cuisson, être mis dans la classe des térébenthines. Les sapins proprement dits, sont, comme on le sait, les arbres de nos forêts qui fournissent la bonne & la véritable térébenthine ; les mélèses en fournissent encore, mais la qualité en est moins parfaite ; enfin, les pins dont il est ici question en donnent une bien inférieure à celle des mélèses. Outre l’odeur, la saveur, & la transparence qui distinguent ces différentes térébenthines, il y a encore une autre propriété qui les caractérise, c’est la facilité qu’elles ont à s’épaissir ; celle du sapin conserve mieux que toutes les autres sa liquidité, & le suc résineux du pin est celui qui la perd le plus facilement.

Si l’on regarde les différentes térébenthines comme une espèce de sirop résineux, c’est-à-dire, comme la résine ou brai sec, ou de la colophane, ou de la poix sèche dissoute dans un peu de séve ou d’eau, à l’aide de beaucoup d’essence de térébenthine qui s’échappe dans la cuisson, & qu’on retire par la distillation, on peut dire alors que le galipot est surchargé de résine concrète ou de baras.

Pour en séparer la matière la plus fluide, le sirop le plus clair, qu’on nomme térébenthine de pin, on met le galipot, suivant ce qui se pratique dans les forêts de la Guyenne, dans des auges de bois dont le fond est assemblé à plat-joint, mais peu exactement ; alors, en exposant ces auges au soleil, la partie la plus fluide du galipot coule par les fentes de l’auge, & fournit une liqueur assez transparente, de consistance de