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mun des maréchaux qui ne savent pas que l’extirpation de ces excroissances en hâte toujours la renaissance & la végétation, & qui, incapables de faire la moindre distinction des cas, ne pensent pas que dans celui-ci les astringens, les caustiques, le feu & tous les moyens propres à réprimer des tumeurs bénignes, & à en arrêter les progrès, ne peuvent qu’irriter, & ne servent qu’a enflammer les polypes dont il s’agit, corrompant presque toujours les parties adjacentes & voisines, & exigeant principalement des remèdes intérieurs, & extérieurement des topiques anodins plutôt que des substances fortes & destructives qui accroissent sans cesse le mal, & multiplient les désordres qui l’occasionnent.

Les polypes qui surviennent dans la gorge, peuvent naître d’une expansion des polypes du nez, lorsqu’ils sont situés très-près des arrières-narines, c’est-à-dire des orifices postérieurs des fosses nasales ; ils sont assez souvent une sorte de l’inflammation excessive de l’arrière-bouche, ainsi que de la tuméfaction & de l’engorgement de la glande palatine, de la velo-palatine, des arithénoïdiennes, des pharyngiennes, &c. ; ils peuvent encore être attribués à des angines, à des aphtes (Voyez ces mots) & à d’autres ulcères malins qui les font placer parmi les tumeurs d’un genre vraiment dangereux.

À l’égard du prolongement & du relâchement de la membrane du voile du palais, & principalement de la tunique qui ceint & qui entoure le cartilage épizootique, prolongement ou relâchement qui peut être tels qu’ils opposent un obstacle au passage des alimens solides & même liquides, il n’en résulte pas proprement ce que nous appelons un polype.

Si néanmoins le corps ou le ligament pulpeux ou onctueux, dans lequel le cartilage dégénère, & par lequel il s’attache à l’angle du tiroïde, se tuméfie & s’abcède, cette tuméfaction forme une excroissance polypeuse très redoutable pour les chiens, ainsi qu’il est prouvé par l’expérience.

Le larinx des volatiles, sur-tout dans les poules & dans les dindes, est très-sujet à ces sortes de végétations ; mais la facilité que l’on a d’atteindre dans ces animaux les parties attaquées, de les couper & d’y porter des topiques convenables, en rend la présence bien moins effrayante.

On ne doit pas confondre, au surplus, la maladie que nous considérons ici, avec celle à laquelle l’exsudation des fluides entre les deux lames de la membrane pituitaire, ou entre cette tunique & les os qu’elle recouvre, peut donner naissance. La tumeur s’abcède bientôt ; d’ailleurs, on la distingue aisément par le lisse & le poli de sa surface, par l’évasement de sa base, & par la fluctuation dont il est possible de s’assurer en y portant la main, si la chose est praticable, ou en introduisant une sonde aplatie, si le mal est très-profond eu plutôt trop voisin des orifices postérieurs des fosses.

Il y a peu de temps que l’on a vu à l’École Vétérinaire près de Paris, deux abcès de cette espèce, placés dans les deux cavités nasales à la hauteur de la partie supérieure des os du nez ; leurs effets ne différoient point de ceux des polypes ; ils gênèrent également la respiration qui étoit très-difficile ; leur ouverture donna