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Feuilles ; elles sont ailées avec une impaire & souvent sans impaire ; leurs folioles sont très-peu pétiolées, ovales, terminées en pointes ridées, sinuées d’un vert plus ou moins foncé en dessus, plus pâle en dessous, & garnies d’un grand nombre.

Racines. On en distingue de deux sortes, la fibreuse & la tubéreuse ; la première est composée de petits filamens qui partent directement du collet de la tige, & tiennent les racines tubéreuses attachées ensemble ; la seconde est formée de bulbes charnues de différentes formes, grosseurs & couleurs ; leur surface est fort inégale, & garnie d’un grand nombre de tubérosités, souvent de tubercules, & toujours de fossettes ou enfoncemens, qui sont l’emplacement des bourgeons.

Port ; tige d’un à trois pieds de hauteur, herbacée, creuse, cannelée, tachée & rameuse.

Lieu. Elle se plaît dans tous les climats ; la plupart des terrains & des expositions lui conviennent : il ne s’agit que d’y approprier les différentes espèces, mais un sol léger doit toujours être préféré.

Origine ; apportée de l’Amérique septentrionale en Europe, par Walter-Raleig, qui découvrit & prit possession de la Virginie sous le règne d’Elisabeth. La pomme de terre s’est naturalisée si parfaitement parmi nous, qu’on la croiroit appartenir à l’univers entier : on la cultive en effet dans toutes les parties du globe avec le plus grand succès.


Section II.

Description des variétés.

Ceux des botanistes modernes qui ont admis dans leur nomenclature la pomme de terre, n’en ont indiqué qu’une seule variété ; mais leurs observations sur cette plante, toujours plus relatives à la science qu’à l’utilité publique, n’ont pas été poussées bien loin ; car il en existe maintenant onze espèces jardinières ou variétés bien caractérisées. Le moyen de les reconnoître ne seroit pas sans doute de continuer à les désigner, comme on l’a fait journellement, selon les cantons européens d’où elles ont été tirées à l’époque de leur maturité, puisque toutes viennent primitivement de l’Amérique septentrionale, & que le moment de la récolte varie beaucoup à raison des années, des climats, des engrais & du sol ; il paroît donc plus naturel, & en même temps plus utile, de les décrire d’après le port de la plante, la forme & la couleur de ses tubercules : l’étude particulière & suivie que j’ai eu l’occasion de faire pendant beaucoup d’années, de l’économie végétale de chacune, m’autorise à penser que les blanches, les rouges, les violettes & les grises, les longues, les rondes & les plates, constituent des variétés bien marquées qui se reproduisent ainsi, indépendamment du sol, de la culture & des aspects.

Grosse blanche tachée de rouge. Elle a les feuilles d’un vert foncé, plus lisses & plus rudes en dessous, larges, oblongues, aplaties & dilatées comme en palme ou main ouverte ; ses tiges sont fortes & rampantes ; ses fleurs