Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

talité des moutons ; & que c’est de la réunion, du degré de la modification de ces causes que dépendit l’inégalité des progrès de cette maladie dans différens cantons.

Après avoir ainsi conclu, il cherche à expliquer, d’après les anciens, comment après un hiver tiède & humide, & un printemps froid & sec, les lienteries, les hydropisies ne manquent pas de survenir aux hommes ; il explique ensuite pourquoi les agneaux ont été plutôt attaqués de la maladie que leurs mères, d’abord à cause de leur foiblesse, & parce que les mères étoient dans la circonstance qui les expose à l’avortement. Pourquoi l’hydropisie, effet immanquable, dit-il, du vice des alimens, combiné avec celui des saisons, est née ? Pourquoi les chairs des moutons étoient pâles, & le foie corrompu ? Il attribue la pâleur des chairs à la dissolution du sang ; la corruption du foie à sa chaleur combinée avec une humidité surabondante ; l’appétit, qui se soutenoit dans la maladie, à la succion des fibres de l’estomac ; l’embonpoint à l’excès d’humidité.

L’auteur donne après des conseils pour prévenir les animaux de la pourriture. Quant à l’exposition des bergeries & au choix des pâturages, il préfère les coteaux, les lieux élevés, couverts de bruyères. Il défend de les faire paître avec la rosée, sur-tout des lieux bas & humides. Il recommande beaucoup l’usage du sel pour les garantir de cette maladie, mais à des doses médiocres, parce qu’il les excite à boire ; il préfère le sel gris au sel blanc, parce que la partie terreuse, avec laquelle il est combiné, a une astriction favorable aux indications qu’on se propose ici ; d’ailleurs elle fixe davantage l’action du sel, & corrige sa vertu stimulante. Quant à la nourriture, il conseille de leur donner des plantes odoriférantes ; les différentes espèces de pailles qui sont d’usage, toutes sortes de feuilles d’arbres[1], même celles des sapins, en y mêlant un peu de foin. D’après les anglois, il recommande l’usage des baies de genièvre, les feuilles de sorbier, celles du prunier sauvage, celles de l’orme, du frêne. En général, toutes celles d’un goût austère & d’un tissu ferme & solide lui paroissent propres à corriger l’intempérie qui domine dans cette maladie, en desséchant la trop grande humidité & réprimant les progrès de la pourriture[2].

M. Demars conseille encore le chan-

  1. Ce conseil de M. Demars, dit M. Paulet, à qui nous devons toutes ces remarques, est trop vague. Il y a certaines feuilles qu’on ne sauroit donner impunément aux moutons ; celles de l’if, du laurier-rose, de la coriaire, &c. leur seroient très-nuisibles. Il n’en est pas de même des feuilles de chêne, de bouleau, de saule ; ainsi que son écorce qui est astringente & rafraîchissante, de celle de chèvre-feuille, qu’il recommande & qui peuvent être utiles.
  2. Avant de prendre un parti là dessus, nous conseillons aux habitans de la campagne qui font intéressés à conserver leurs troupeaux, de lire attentivement l’article Mouton, qui ne leur laissera rien à désirer, tant sur la manière de gouverner les brebis, que sur le choix qu’on doit faire des plantes propres à leur nourriture.