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leurs, l’un fera un quart ou moitié plus de travail que l’autre, & ce travail se trouvera toujours proportionné à l’étendue de la bêche. La terre ainsi préparée n’a plus besoin de herse ni de râteau ; & ce même travail peut également servir dans nos provinces du nord, mais à une époque différente, c’est-à dire, après l’hiver.

Dans les pays où le précieux usage de la bêche est inconnu, on minera le sol à la pioche & à la même profondeur de 20 pouces, ayant soin, dans l’un & l’autre cas, de l’épierrer rigoureusement. À cet effet, des femmes, des enfans, de petits garçons, pourvus de paniers, de corbeilles, &c. suivent les travailleurs, ramassent les pierres & les portent au-delà du champ. Enfin lorsque tout le terrain est préparé, il ne s’agit plus que de le semer comme il sera dit ci-après. Voilà pour les provinces méridionales où il est de la plus grande importance de semer au plus tard au commencement d’octobre.

Quant aux provinces du nord, lorsqu’on aura donné le labour après les moissons, on laissera la terre se reposer jusqu’à la fin de l’automne, chacun relativement à son canton. Il suffit seulement d’avoir le temps de labourer & de croiser une seconde fois le labour avant l’hiver, que l’on donnera le plus profond que faire se pourra : aussitôt après l’hiver on passera la herse à plusieurs reprises & on défoncera à la profondeur de deux fers de bêche, avec cet instrument ou la pioche.

Si dans les provinces méridionales, comme dans celles du centre & du nord du royaume, on n’emploie aucune de ces deux méthodes, & que l’on s’opiniâtre mal à propos à défoncer le sol avec la charrue, il faut au moins avoir une charrue (consultez ce mot) à avant-train & la faire passer deux fois dans la même raie. À cet effet une première charrue, garnie d’un large versoir, passe la première, après elle vient une charrue à versoir presque égal, mais dont le soc présente un angle plat ouvert, c’est-à-dire, qui pique ou fouille plus profondément que le premier, afin de remuer une plus grande masse de terre. Aussitôt que le terrain est labouré dans un sens, on le croise, & des femmes & des enfans armés de maillets suivent les charrues & brisent les mottes. Tout ce travail ne doit commencer que lorsque la terre n’est ni trop humide, ni trop sèche, & aussitôt qu’il est fini on passe la herse à plusieurs reprises.

Sans perdre de temps, on recommence les mêmes labours croisés & à deux coups dans la même raie, mais en sens contraire des premiers qui ont été faits à angles droits, c’est-à-dire, en manière de croix. Les autres doivent être pris en diagonale, afin que chaque ligne forme un losange avec les lignes précédentes. Pendant ces quatre labours, le conducteur doit faire lever par la charrue, bien moins d’épaisseur de terre, que si c’étoit pour un labour ordinaire ; les tranches doivent être minces & le plus minces qu’il pourra. On sent qu’en labourant ainsi, la terre sera mieux remuée, que le soc de la charrue pourra pénétrer plus profondément, enfin que le