Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/566

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auquel on ne l’a pas supprimé.

Ce pivot pousse des racines qui deviennent secondaires C, ces racines en poussent de fibreuses qui deviennent ligneuses par succession, & qui, à leur tour, multiplient les chevelus, c’est-à-dire, des radicales fines comme des cheveux, A A Fig, 9 ; leur ressemblance avec des cheveux a fixé leur dénomination. Si le jardinier raccourcit, étronçonne, suivant sa mauvaise coutume, les racines secondaires de l’arbre qu’il veut planter, alors celles-ci repoussent des racines du troisième ordre qui seront pendant un temps très-considérable, foibles, débiles, mais qui, pour réparer en partie le dommage qu’elles ont reçu, produisent beaucoup de chevelus. Ceux-ci ne pouvant plonger, s’étendent entre deux terres, en affament la partie supérieure, sont sujets au froid, à la sécheresse, &c. ; enfin ce n’est qu’à la longue que ces racines du troisième ordre acquièrent de la force & la communiquent à l’arbre. Il est bon d’observer que les racines du troisième ordre restent constamment moins grosses que celles du second, & celles-ci moins fortes que le pivot. Il est donc démontré que l’on nuit beaucoup à l’arbre en raccourcissant les secondes, & encore plus en supprimant la première.

Parmi les racines herbacées ou ligneuses, on doit encore remarquer celles qu’on appelle traçantes, parce qu’elles sont produites par des tiges latérales qui courent entre deux terres ; telles sont celles de la ronce, des rosiers, &c. Les racines rampantes proprement dites, courent à fleur de terre sans presque s’y enfoncer. Un grand nombre de ces racines pousse des rejets des drageons, dont quelques-uns prennent de nouveau racine ou par leurs protubérances, ou par les articulations des tiges rampantes. Tel est le gramen ou chiendent.

Ces différentes formes de racines sont, pour l’homme qui réfléchit, comme autant de feuillets d’un livre dans lequel il lit le genre de culture qui convient à chaque espèce. Par exemple, le froment, le seigle, &c., n’auroient pas besoin d’un labourage de plus de huit pouces de profondeur, puisque leurs racines fibreuses n’enfoncent qu’à six pouces ; mais comme la multiplicité des plantes & de leurs racines effritent beaucoup la terre, il est donc important de la renouveler en ramenant celle de dessous qui n’est point épuisée, à la superficie, & celle de la superficie en dessous. Le labourage profond n’est donc pas essentiel aux racines proprement dites fibreuses ; mais uniquement pour retourner le sol. Un léger labour suffit pour les raves, parce que leur racine charnue reste en partie hors de terre, & l’autre, ainsi que ses racines fibreuses, s’enfoncent peu ; mais ces mêmes raves produisent une variété qu’on nomme turneps ou gros navet, qui exige un labour plus profond en raison de sa forme & de la propension de la plante. Il en est ainsi de la racine de disette, qui n’est autre chose que la bette-rave blanche, connue & cultivée, de temps immémorial, dans le bas-Languedoc, & sur-tout, dans les environs de Castelnaudari. Une prairie (consultez ce mot) qu’on peut arroser à volonté, & qui est composée de fromental, de grand & de petit trèfle, n’exige à