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avec leurs feuilles par un ou deux forts labours à la charrue : c’est la meilleure manière d’ennoblir un terrain pauvre, & d’augmenter sa masse d’humus ou terre végétale… Les racines pivotantes, telles que celles de la luzerne, &c. sont très-peu fibreuses, parce que leur nature est de plonger profondément en terre, & d’en absorber les sucs par l’extrémité du pivot ordinairement assez fibreux. En général les plantes à racines pivotantes sont vivaces, ou au moins biennes ; pour être annuelles, elles n’auroient pas eu besoin de faire les frais d’un pivot. Les scorsonères, les salsifix en sont la preuve ; & moins le pivot est charnu, & plus assurément la plante est vivace : la forme & la substance de ce pivot indiquent donc à quelle profondeur on doit travailler la terre si on veut que la plante réussisse.

Les racines traçantes appauvrissent singulièrement la superficie du terrain, sur-tout si elles en poussent de nouvelles & de fibreuses à chaque nœud ou à chaque protubérance. Aucune espèce de ces racines en général ne mérite d’être cultivée ; elles abîment les champs.


Racine. Dénomination générale sous laquelle on comprend les plantes charnues cultivées dans les jardins potagers ; comme les betteraves, la racine de disette, les scorsonères, les falsifix, &c.


RACINE DE DISETTE, ou nouvellement appelée bette-rave champêtre. Lorsque je publiai l’article bette-rave, il n’étoit pas question en France de la culture réglée pour fourrage de la racine de disette ; depuis cette époque elle a acquis de la célébrité, & elle mérite de sortir des jardins des provinces méridionales de France, & d’être transportée dans les champs des provinces du nord.

À l’article bette-rave, j’ai qualifié du nom de bette-rave de Castelnaudari la petite bette-rave rouge, parce qu’elle est assez commune dans le bas-Languedoc ; mais depuis cette époque, j’ai vérifié que la vraie bette-rave de Castelnaudari, & celle qui mérite véritablement ce nom, est la bette-rave jaune, & que l’on cultive beaucoup dans tous les jardins des provinces méridionales, rarement en planche, mais en bordure des quarreaux, afin qu’elle profite des eaux d’irrigation, (consultez mot) & qu’elle retienne d’un côté la partie de la terre de la rigole, du côté qu’elle ne doit point être remuée. La culture de cette racine réussira difficilement en grand, dans la basse-Provence & dans le bas-Languedoc, ainsi que dans tous les cantons où les chaleurs de l’été sont très-fortes, & les pluies très-rares dans cette saison. Si on veut y tenter leur culture, il convient de semer la graine en pépinière, à la fin septembre, ou au commencement d’octobre ; il faut garantir les jeunes plants des gelées d’hiver, & se hâter de les planter au plus tard à la fin de février. Si le premier printemps est pluvieux elles réussiront passablement. Si la chaleur survient de bonne heure, par exemple, en mai, la plante se hâtera de monter en graine, & la racine sera perdue pour le bétail ; mais on retirera deux grands avantages de cette plante ; 1°. les feuilles pour la nourriture des hommes & des bestiaux ; 2°. sa racine & sa tige lorsqu’elle est en pleine fleur, enfouie