Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/586

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guent de St. Fiacre. Si le bout d’une racine est froissé, écorché, partagé, cassé en esquille, c’est le cas de la rafraîchir, c’est-à-dire de supprimer tout ce qui est altéré ; mais qu’il y a loin de cette opération simple & méthodique, à la manière barbare dont les planteurs d’arbres traitent les racines ; ils commencent par détruire le pivot, ils raccourcissent toutes les grosses racines, & leur fureur s’étend même jusque sur les chevelus. La nature qui ne fait rien en vain, a-t-elle donc prodigué les racines aux arbres pour qu’on les coupe ? Les a-t-elle multipliées, suivant les besoins de l’arbre, pour les soustraire dans le moment où elles sont les plus essentielles, afin de faciliter sa reprise ? Que résulte-t-il d’un pareil travail ? que la reprise est foible, traîne & languit ; que l’arbre pousse à peine quelques petits rameaux ; que si la sécheresse survient, sa végétation est nulle ; enfin, que les trois quarts de la plantation périssent. Propriétaires, qui achetez vos arbres chez les pépiniéristes, ne recevez point, à quelque prix que ce soit, ceux dont la greffe fait le bourrelet, ceux dont les racines sont écourtées. Il vaut mieux payer le double pour avoir un bon arbre bien enraciné ; sa reprise est assurée, & il ne vous obligera pas, l’année d’après, d’ouvrir une nouvelle fosse, d’acheter un nouvel arbre, & de le planter. Que l’on calcule les frais de replantation, & on jugera qu’il valoit mieux payer le double pour avoir un bon arbre… Lorsque les arbres ont resté long-temps en route, & hors de terre, il convient, avant de les planter & de les rafraîchir, de les laisser pendant 12 à 24 heures dans l’eau ; mais on ne doit jamais les y plonger deux fois ; sortant de l’eau, il faut les planter sur le champ.


RAFRAÎCHISSANT. Médecine rurale. Médicament propre à diminuer la chaleur, à calmer l’effervescence du sang, à en corriger l’acrimonie, & l’alcalescence, & à arrêter les progrès de la putridité.

On emploie avec succès les rafraîchissans, 1°. dans les fièvres aiguës, inflammatoires, marquées d’un caractère d’acrimonie ; 2. dans les inflammations érésypélateuses & phlegmoneuses ; dans les maladies chroniques où le sang est desséché, & où les sels sont développés.

On les emploie encore dans le scorbut chaud, dans toutes les difficultés d’uriner, & sur-tout dans les écoulemens gonorrhoïques ; de plus, ils sont indiqués dans les fièvres continues, bilieuses, & ardentes ; dans les maladies produites par la dissolution des humeurs, qu’on connoît par tout ce qui a précédé, par le tempérament du malade, par une chaleur âcre, répandue sur toute l’habitude du corps, par la puanteur de la bouche, par des taches rouges & livides, & par le pissement de sang.

Ils sont aussi d’une grande utilité dans l’hydropisie accompagnée de beaucoup d’ardeur, de soif, & de marques de putridité ; dans les hémorragies du nez, dans les pertes excessives ; dans les divers flux du ventre. On s’en sert enfin, dans les fièvres intermittentes qui attaquent les tempéramens bilieux. Les rafraîchissans nous sont fournis par les trois règnes de la nature. Le règne animal est le plus stérile ; il n’y a