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à proprement parler, que le petit lait qu’on puisse regarder comme un vrai rafraîchissant. Les autres substances qu’il nous offre, telles que l’eau de veau & de poulet, les grenouilles, la tortue & le limaçon, méritent à plus juste titre le nom d’adoucissans, de mucilagineux, & d’incrassans.

Le règne végétal est beaucoup plus fertile, & il produit une infinité de racines, de feuilles, & de fruits qui sont des rafraîchissans par excellence, tels que les racines de chiendent, de fraisiers, & d’oseille. Les feuilles de laitue, d’endive & des plantes chicoracées qui sont nitreuses. Les fruits d’épine-vinette, les groseilles, les tamarins, & les sucs de limon, de citron, d’oranges, de grenades, le verjus, le vinaigre.

Le règne minéral est sans contredit celui qui nous prodigue le plus de rafraîchissans. En premier lieu, il nous donne l’eau commune, qui l’emporte en bonté & en qualité, sur tous les autres rafraîchissans, surtout si on la boit au même degré de froid & de chaud que la nature la donne. Nous avons déjà fait observer au mot eau boisson, que l’eau froide satisfait plus les vues de la nature, & pourvoit mieux au besoin que l’on cherche à remplir. Elle appaise la soif, & flatte l’estomac, ainsi que le palais.

C’est aussi au règne minéral qu’on est redevable d’un grand nombre de sources d’eaux minérales froides & gaseuses que l’on peut prendre, tant pour se rafraîchir, que pour combattre certaines maladies : telles sont les eaux de Vals dans le bas-Vivarais, de Sainte-Reine en Bourgogne, de Vesoul en Franche-Comté, de Montfrin & de Maine tout près de Nismes, de Gabian, de Roujean, & de Vendres dans le bas-Languedoc, à trois lieues de distance de Beziers.

On doit comprendre encore dans le règne minéral, les esprits acides minéraux de vitriol, de soufre, de sel marin & de nitre. Quelques chimistes doutent si ce dernier appartient au règne animal ou au minéral. Nous le plaçons avec le commun des chimistes, dans la classe des sels minéraux, parce qu’on le tire immédiatement de la terre, & que ce n’est que par ce moyen qu’on peut le retirer des mines & des excrémens des animaux.

Le nitre est un rafraîchissant qu’on emploie très-souvent en médecine. Il est encore plus usité dans les pays étrangers où on le prescrit à une dose plus forte qu’on n’a coutume de le faire en France. Stahl l’a donné avec succès dans les diarrhées colliquatives, symptomatiques des fièvres malignes. Il l’a encore donné avec avantage à des femmes nouvellement accouchées, en qui les vidanges étoient supprimées, & qui étoient attaquées d’accès de fièvre. On employe le nitre en substance & en dissolution sous forme de tisanne. En substance, on l’ordonne depuis trois grains jusqu’à vingt-quatre ; en dissolution, depuis un gros jusqu’à deux, sur deux ou trois livres d’eau, dans les cas d’ardeur excessive, de fièvre bilieuse, de maladies aiguës & de diarrhée putride colliquative.

Quant aux acides minéraux, on doit toujours les prescrire étendus dans suffisante quantité d’eau commune, ou dans l’eau de capillaire,