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teurs. J’observerai seulement que lorsque le fleuriste dispose une planche de renoncules, il doit éviter de placer trop près les unes des autres les griffes dont la fleur est de même couleur, & encore moins les ranger par couleur sur une même ligne. C’est la bigarrure, & l’étonnante variété des couleurs qui fait la beauté d’une planche. Il est pardonnable aux seuls fleuristes marchands de classer ensemble chaque espèce, afin de n’avoir point de choix à faire lorsqu’il sortira la griffe de terre. Comme les grandes couleurs sont décidées, à quelques nuances près, le fleuriste mettra un certain nombre de petits piquets sur lesquels il fera des entailles, depuis un jusqu’à six, ou des plombs numérotés avec lesquels il désignera la couleur dominante, en plantant un de ces numéros ou un de ces piquets au pied de chaque plante. Lorsqu’il tirera de terre les griffes, il les jettera dans la corbeille correspondante au numéro de la grande ; ainsi, en multipliant les corbeilles en aussi grand nombre qu’il y a de qualités différentes de renoncules, il aura la plus grande facilité de disposer les couleurs, dans la plantation de l’année suivante. Les couleurs bizarres sont aujourd’hui de mode ; cependant il faut convenir que lorsqu’un certain nombre de ces griffes est réuni, il flatte peu la vue, tandis qu’une fleur de couleur foncée & rembrunie, reçoit & prête à une fleur blanche, jaune, & rose, un nouvel éclat. C’est par le contraste des couleurs, par leur opposition, que la totalité produit un coup-d’œil superbe & enchanteur. Je ne parlerai pas de la culture des renoncules dans les pots, dans les terrines, &c. elle est la même que celle de pleine terre ; mais elle n’y réussit jamais aussi bien.


RENOUÉE ou TRAINASSE ou HERNIOLE. (voyez Planche XXXVIII, pag. 569) Tournefort la place dans la seconde section de la quinzième classe, qui renferme les herbes à fleurs sans pétales, dont le pistil devient une semence enveloppée par le calice ; il l’appelle polygonum latifolium. Von-Linné la nomme polygonum aviculare, & la classe dans l’octandrie-tryginie.

Fleur B, la représente vue de face ; C, avant son épanouissement ; le calice D tient lieu de corolle à la fleur, & est coloré en rouge dans sa partie supérieure ; le pistil E est placé sur le fond du tube du calice, & se divise en trois ; les étamines sont au nombre de huit.

Fruit. Le pistil se change en une seule graine F triangulaire. Le calice accompagne le fruit jusqu’à sa maturité.

Feuilles ; en forme de lance, ovales, & selon les variétés, oblongues, ou étroites, ou presque rondes.

Racine A, longue, simple, dure, ligneuse, tortueuse, fibreuse, rampante.

Port. Cette plante varie singulièrement, suivant les lieux ou elle croît, tant par la grandeur de ses tiges, que par celle de ses feuilles ; les tiges sont ordinairement longues d’un à deux pieds, grêles, rondes, solides, noueuses, feuillées, couchées sur terre ; les fleurs naissent des aisselles, & les feuilles sont alternativement placées sur les tiges.

Lieu ; les bords des chemins, dans les champs ; une fois introduite dans