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une natte ou un drap, & prenant ensuite à deux mains une grande poignée de paille de ris, on bat les épis a deux ou trois reprises sur les perches ; le grain tombe & la paille n’est pas froissée ; c’est la méthode employée à L’isle de France. Celle de nos fléaux paroîtroit être plus expéditive ; mais M. de Reine assure le contraire. Le ris ainsi égrainé conserve son enveloppe ou balle ; tant qu’il est couvert de cette balle, on l’appelle ris en paille ; c’est dans cet état qu’il faut le semer ou le planter. Avant de serrer le ris en paille, on le fait sécher au soleil. Si on le met ensuite dans un lieu bien sec, il se conserve plusieurs années & même au-delà de 20 ans. De tous les grains de la zone torride, c’est celui qui se conserve le plus long temps s’il n’est pas attaqué par une espèce de papillon qui le mange dans sa balle. Dans ce cas il faut faire monder le ris. Pour monder ou blanchir le ris on le pile dans des mortiers de bois.

Lorsqu’on a fait piler une quantité considérable de ris, on le fait vanner dans un grand plat de bois léger, & l’on en retire, outre le grain blanchi, une espèce de farine qui est proprement le germe du ris. On fait de cette farine une bouillie très-délicate, d’une digestion facile, excellente pour les enfans & pour les malades. On la conseille surtout aux personnes qui sont attaquées de la dyssenterie ou du flux de sang, ou qui ont un mauvais estomac. Le ris blanc peut se conserver encore plusieurs années en le vannant au moins deux fois par an, sans quoi il contracteroit un goût désagréable, & seroit attaqué dans les climats chauds par un petit insecte noir un peu plus gros que la mite. Depuis plus de 20 ans qu’on envoye des Indes, de ce ris à M. de Reine, il n’y a jamais vu cet insecte, quoiqu’il ait conservé du ris pendant dix ans : la température est sans doute trop froide en Europe.

La farine de ris n’est pas propre à être mélangée avec aucune autre farine pour en faire du pain cuit au four. Elle demeure compacte & ne lève pas ; mais le ris en grain sert à une infinité d’usages, sans compter ceux qu’on connoît en Europe.

Si le Cours d’Agriculture tombe entre les mains de quelques personnes qui aient du ris sec & susceptible d’être semé, l’Éditeur les prie d’avoir la complaisance de lui en céder quelque peu. Il en suivra la culture avec le plus grand soin chez lui, & la fera suivre par des gens instruits en Provence & en Languedoc, afin de s’assurer si on peut cultiver avec quelque succès ce ris en France.


ROCAMBOLE ou AIL D’ESPAGNE. Tournefort la place dans la quatrième section de la neuvième classe, qui comprend les fleurs en lys, composées de six pétales & dont le pistil devient le fruit. Il la nomme allium sativum sive allioprasum, caulis summo circumvoluto. Von-Linné la classe dans l’hexandrie-monogynie, & l’appelle allium scorodoprasum.

C’est une espèce d’ail dont elle a tous les caractères génériques ; du milieu de la bulbe sortent cinq ou six feuilles, du milieu desquelles la tige s’élance à la hauteur de deux pieds environ, & se replie par le haut en spirale, dont l’extrémité finit par une tête sur laquelle sont