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sont hors d’état de fournir du bois nouveau, & par conséquent de rajeûnir l’arbre par la suppression des membres inférieurs, au lieu qu’ils durent beaucoup plus long-temps, placés sur la ligne B, K, 65.

Si à la longue ces membres inférieurs s’épuisent, je les supprime & substitue petit à petit à leur place les membres supérieurs B, G, 45 ; ceci demande une explication. L’expérience apprend & démontre physiquement, que plus les branches rapprochent de la perpendiculaire, plus elles tirent, pompent de la sève, & tendent à devenir gourmands (consultez ce mot). D’après ce principe incontestable, dès que je commence à m’apercevoir que les membres inférieurs déclinent, je ravale à deux ou trois pouces la branche secondaire du membre placé de B en G, 45, du côté de la ligne perpendiculaire A, comme on le voit en D : si j’ai un bon bourgeon, je ménage la branche ; ce tronçon de branche, dont la coupure est aussitôt couverte avec l’onguent de Saint-Fiacre, me donnera un ou plusieurs bourgeons. S’il y en a plusieurs, lorsqu’ils seront bien assurés, je supprime les plus foibles & je n’en conserve qu’un seul ; il pousse librement, perpendiculairement, & par conséquent avec vigueur, c’est-à-dire, qu’il agit comme un gourmand ; mais dans la crainte de quelqu’accident sur ce bourgeon précieux, il est assujetti doucement contre un tuteur par de simples ligatures de paille, & qu’on dénoue même au besoin, à mesure que ce tirant prend de la grosseur, de la consistance & de la longueur. S’il n’en prend pas assez pendant la première année, je le ravale encore à un œil à la taille suivante de l’hiver, & suis assuré que cette seconde poussée aura une force convenable, sur-tout si, à l’entrée de l’hiver, j’ai eu soin de renouveller la terre au pied de l’arbre & sur une certaine étendue ; je l’aide encore en enfouissant dans cette circonférence du fumier bien consommé, ou si on aime mieux, je lui donne un fort bouillon, à la même époque. (Consultez ce mot)

Lorsque le tirant provenu du tronçon de la branche C, a déja assez de force & de longueur, je l’incline doucement du côté de la ligne 45 ; mais jamais tout à la fois, c’est peu à peu & de quinzaine en quinzaine, afin de ne pas modérer tout à coup la fougue de la sève qui, par son reflu, développeroit les yeux qui ont percé le long de ce tirant, & les changeroit en bourgeons. Cette opération doit tout au plus commencer en août & se continuer en septembre & même en octobre, afin que, lorsque l’époque de la taille d’hiver sera venue, ce tirant soit dans le cas d’occuper la ligne 45, sans coude & sans présenter la forme d’un archer de violon. Une alaise attachée de bonne heure à ce tirant ou même son tuteur, aidera à lui faire prendre l’inclinaison sans courbure, & ce sera sur l’alaise qu’on placera les ligatures, afin de n’occasionner aucun bourrelet.

Voilà une branche nouvelle qui occupera la place du membre B, G, 45, & ce membre prendra à son tour la place de celui placé auparavant en B, K, 65, que l’on supprimera ; c’est ainsi que l’on rajeunit peu à peu un arbre. Les poiriers greffés sur coignassier, les pommiers sur paradis & même sur doucin, se prêtent difficilement à cette opération, pour peu qu’ils soient vieux ; au contraire les pommiers, & les poiriers greffes sur franc, offrent sans cesse des