Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/557

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Quand les bords de l’ulcère sont trop relâchés, qu’on y apperçoit des chairs baveuses, sordides, fongueuses, il ne faut pas appliquer des relâchans emplastiques, ils augmenteroient le relâchement & causeroient l’œdème ; mais des mondificatifs, des dessicatifs & des détersifs. Il ne faut pas croire que les modificatifs soient toujours des caustiques affoiblis. Ces derniers sont sans doute très-utiles pour ronger les chairs baveuses. Il est des cas où des astringens & des stimulans modérés suffisent, tels que la charpie sèche, les injections d’une infusion d’absinthe ou d’aristoloche. S’il en falloit de plus actifs, il pourroit être bon d’y appliquer le résidu d’une dissolution de vitriol, lavé plusieurs fois dans l’eau. On voit par-là combien il est utile de considérer les divers états qui dominent dans l’ulcère, & combien ces divers états constitutifs doivent faire varier le traitement & le régime. Ludovic dit qu’il faudroit, dans quelques cas, appliquer des astringens dans une partie, & des relâchans dans une autre. On doit encore s’abstenir de trop presser ou de toucher les bords de l’ulcère ; on le fatigueroit, & on y détermineroit la gangrène, sur-tout s’il est établi dans des parties qui s’abreuvent ordinairement de sucs putrides.

Dès qu’on aura consolidé & séché un ulcère considérable, on appliquera autour de l’ulcère des remèdes âcres, des sinapismes, afin de prévenir la régénération qui se fait très-fréquemment dans le même endroit, ou dans les parties voisines. Les anciens méthodistes traitoient par les adoucissant les ulcères qui se rouvroient, appliquoient ensuite des sinapismes auxquels ils attribuoient une vertu récorporative. Ils croyoient qu’ils agissoient en changeant les environs du lieu affecté par une impression totale qu’ils faisoient sur le principe vital ; mais cela ne suffit pas ; il faut encore changer la constitution entière du malade, par les bains, les frictions, l’exercice & le changement de nourriture. Je dois ici faire observer que la fièvre peut souvent changer utilement l’état ulcéreux : on l’a vu guérir des ophtalmies, des engelures, & alors ce changement étoit suivi d’un prurit, signe certain de la crise.

Les altérations des humeurs, qui perpétuent les ulcères produits par la quantité défectueuse du pus, se rapportent ou à la génération surabondante, ou à la défectuosité de ce pus, qui verse continuellement dans la partie ulcérée, & empêche la cicatrice, ou enfin aux qualités, que le pus a contractées par les vices généraux de la masse des humeurs contraires à la génération organique. Cette dégénération générale, contracte ces vices de la dégénération particulière de l’ulcère. On voit tous les jours des personnes chez lesquelles un ulcère s’est fermé, avoir des rapports qui présentent l’odeur même du pus qui étoit auparavant établi dans cet ulcère supprimé. Le quinquina, le camphre, le mercure doux sont les remèdes les plus propres à prévenir la dégénération purulente des humeurs. C’est dans cette vue que Rozen a compose des pillules dont le principal ingrédient est le camphre & le mercure doux qu’il donne aux enfans qui ont contracté la petite vérole, pour prévenir la dégenération des humeurs, qui se fait lors