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pres, dont on apperçoit les principaux troncs dans les couches de l’écorce, s’y divisent en un nombre de rameaux si fins qu’ils échappent à notre vue.

Malpighi regarde la liqueur propre des plantes comme un vrai suc nourricier ; si on prétendoit néanmoins comparer cette liqueur au sang des animaux, ainsi que l’analogie semble l’indiquer, alors on ne pourroit pas regarder ce suc comme une liqueur immédiatement nourricière, puisqu’il est assez bien prouvé que ce n’est pas le sang, mais bien les sécrétions du sang qui fournissent la nourriture aux parties que le sang arrose. Au reste, il en est peut-être tout autrement des végétaux, & la liqueur propre peut être à leur égard plus immédiatement nouricière, que n’est le sang dans les animaux. Ce mystère de l’économie animale, n’est pas encore bien connu des anatomistes & des physiciens.

Quand les liqueurs propres des plantes s’extravasent, elles ne produisent ni écorce, ni bois ; mais elles forment un dépôt contre nature, un amas de gomme ou de résine, ou d’autres sucs épaissis. C’est à peu près ce qui arrive dans les animaux, lorsque le sang s’échappe des vaisseaux qui le contenait ; car alors il ne forme ni chair ni os, mais des dépôts ou des tumeurs.

L’analogie des végétaux avec les animaux, m’engage ici à faire remarquer que l’éruption du suc propre dans les vaisseaux lymphatiques, ou dans le tissu cellulaire, occasionne aux plantes des maladies, qu’on peut comparer aux inflammations qui surviennent dans les animaux. On sait que chez eux elles ne sont autre chose qu’une éruption du sang dans les vaisseaux lymphatiques. Les arbres à noyaux offrent de fréquens exemples d’inflammations végétales ; car quand le suc propre qui, dans les arbres est gommeux, s’est répandu abondamment dans les vaisseaux lymphatiques, ou dans le tissu cellulaire, la branche attaquée périt ordinairement, à moins qu’on ait soin d’emporter avec la serpette l’endroit où s’est fait l’épanchement.

Le suc propre que l’on retire des arbres résineux, s’écoule suivant certaines circonstances qui sont étrangères à l’effusion de la lymphe. Car, 1°. pour procurer cet écoulement, on entame l’écorce & le bois. 2°. On remarque que le suc suinte bien plus abondamment dans le temps des grandes chaleurs que quand l’air est froid, & que ce suc cesse de couler lorsque le temps est froid. 3°. On remarque qu’il suinte de toute l’étendue de la plaie, mais principalement entre le bois & l’écorce, quoique ce ne soit pas à cet endroit qu’on apperçoit les plus gros vaisseaux propres. 4°. On observe qu’il sort plus de suc propre de la partie supérieure de la plaie que de l’inférieure, de sorte qu’il semble que le suc propre descend plutôt des branches, qu’ils ne monte des racines vers le haut.

Dans la section d’une jeune branche, on voit le suc propre sortir de ses vaisseaux, avec cette circonstance particulière, qu’il paroît suinter plus abondamment de la coupe qui appartient aux branches que de celle qui répond au tronc.

Il est donc démontré, d’après les