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en même temps en bas, par le moyen des corps doux, tels que le lait donné en lavement, dans lequel on delaye une cuillerée de miel.

Du Ténia ou Ver solitaire.

» C’est un ver blanc, plat & long, composé de plusieurs anneaux très-courts, articulés les uns au bout des autres, & traversés, dans leur longueur, par une espèce de veine plus ou moins apparente, qui lui a fait donner par les Allemands le nom de ver plat à épine. » (Tout ce qu’on trouvera dans cet article précédé de guillemets, est tiré du traitement du ténia ou ver solitaire, pratiqué à Morat en Suisse, examiné & éprouvé à Paris, & publié par ordre de Sa Majesté en 1775.) » Cette veine est bleuâtre ou rougeâtre, ou simplement de couleur blanche. Quelquefois elle ne se manifeste que par une tache noirâtre ou blanchâtre, sensible au milieu de chaque anneau, garnie sur les deux surfaces d’un mamelon peu apparent. Sa queue ou terminaison postérieure, n’a jamais pu être observée, parce que le ver le rompt, & que les malades en rendent de temps en temps quelques portions naturellement, ou par le moyen de divers remèdes. Son corps ordinairement long de plusieurs aunes, & applati en forme de ruban, se rétrécit peu-à-peu vers sa partie supérieure, & se termine en un fil fort menu, d’un pied de longueur ou plus. La pointe que l’œil simple voit très-aiguë, paroît renflée à la loupe ; & sous la lentille d’un fort microscope, elle présente une tête terminée par quatre cornes, de longueurs inégales, qui sont peut-être des suçoirs par lesquels l’animal prend sa nourriture. Le corps du ver s’étend dans tout le conduit intestinal, & se prolonge même souvent jusqu’à l’anus.

» On le nomme ver solitaire, parce qu’il n’en existe qu’un dans le même sujet ; quelquefois cependant il s’en trouve deux ensemble. Quelquefois aussi, après la sortie du premier, il s’en régénère un second ; ce ver n’est point facile à déloger. Les remèdes vermifuges purgatifs, usités en médecine, font rendre des portions de l’animal, que l’on est toujours obligé de rompre pour les séparer de celles qui restent dans l’intérieur du corps ; ils procurent rarement une guérison complette. Le vrai spécifique contre le ténia est le remède de madame Nouffer. Nous allons exposer sa méthode dans l’administration de son spécifique, & du régime qu’elle fait observer pendant le traitement.

» Elle n’exige de ses malades aucune préparation particulière, jusqu’à la veille de l’administration du remède. Ce jour ils doivent se priver de tout aliment après le dîner, & prendre seulement sur les sept ou huit heures du soir, une soupe faite avec une livre & demie d’eau ordinaire, deux à trois onces de bon beurre frais, & deux onces de pain coupé en petits morceaux. On y ajoute la quantité de sel suffisante pour l’assaisonner. On fait cuire le tout à bon feu, en le remuant souvent,