Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/629

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l’est autant que le chien, qui y paroît aussi exposé que le mouton l’est à la douve, & que les chevaux le sont aux crinons & aux œstres.

En effet, les jeunes chiens en rendent des paquets plus ou moins volumineux ; ils sont affectés de coliques quelque temps avant leur émission ; souvent une partie de ces vers sort, tandis que l’autre rentre dans l’anus. L’animal boit, mange & paroît très-gai jusqu’au moment d’une nouvelle colique & d’une nouvelle émission de ces insectes, ainsi de suite jusqu’à ce qu’ils soient très-multipliés dans le corps de cet animal ; alors les accidens de toutes sortes se développent ; les douleurs que ces insectes suscitent le font crier & courir inopinément ; le dégoût & la tristesse lui ôtent, pour ainsi dire, toutes ses facultés ; il maigrit, il est taciturne, ses yeux sont enflammés, les convulsions surviennent, l’animal se lève & saute en avant, comme s’il vouloit fuir une douleur très-vive ; dans d’autres instans & toujours inopinément, il a des quintes de râlement dans lesquelles il semble devoir suffoquer ; ses quatre pattes sont écartées, l’épine est voûtée en contre haut, le flanc est retroussé & spasmodiquement contracté ; le cou & la tête sont alongés, les narines & la gueule très-ouvertes, & l’air inspiré & expiré forme une collision laborieuse & sonore. À tous ces symptômes succèdent l’atrophie, la catalepsie & la mort. Il paroît que tous ces accidens n’existent que lorsque les ténia sont renfermés dans les intestins grêles ; s’ils sont dans les autres, & que l’animal engendre, ces accidens n’ont point lieu. Tous les chiens ouverts à la suite de ces effets ou de ces maux, nous ont toujours montré des ténia dans ces mêmes intestins grêles ; ils y étoient très-vivans & doués de mouvement, enveloppés & garnis de beaucoup de matière sanguinolente ou laiteuse, dans laquelle sembloit nager des espèces de semences ou d’animalcules de ténia ; ce qui porteroit à le croire, c’est qu’on trouve souvent des ténia très-petits & très-grêles, & qui ne diffèrent des autres que par le volume ; l’estomac & les membranes des uns & des autres de ces viscères étoient ridés, plissés & fortement enflammés ; néanmoins il faut convenir que ces vers ne sont jamais seuls de leur espèce, nous les avons toujours vu avec des strongles & des ascarides. Les désordres que nous avons observés dans les autres viscères étoient, à peu de choses près, les mêmes ; l’atonie des flétrissures ou des engorgemens par infiltration plus ou moins marqués.

Les autres animaux éprouvent des effets moins sinistres de la part de ces insectes ; on ne peut guère être assuré de leur existence dans l’animal qu’ils tourmentent, que par des coliques plus ou moins fortes, & par leur sortie de l’anus ; mais ils s’échappent rarement par cette voie ; le grand espace que leur offre le canal intestinal, leur figure & le lieu qu’ils occupent pour l’ordinaire, sont, sans doute, la cause du défaut de leur émission ; ils ne sont, au surplus, jamais aussi multipliés que dans le chien ; nous en avons rencontré une seule fois une quantité prodigieuse dans un cheval, tous les ténia réunis formoient un volume d’une sphère de cinq pouces de dia-