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atelier éclairé par un seul côté, on voit les vers se porter vers l’endroit d’où vient la lumière : en observant, l’on se convaincra de cette vérité, & il est bien à propos de s’accoutumer à observer ; c’est le moyen d’éviter de tomber dans l’erreur.

4°. Chaque fenêtre sera garnie 1°. de son contre-vent à l’extérieur, en bois double & bien fermant ; 2°. de son châssis garni en vitres, ou en toile, ou en papier huilé. Les vitres & le papier sont préférables à la toile. Le tout doit être bien conditionné. Les persiennes, ou abats-jours, ne peuvent point suppléer les contre-vents. Il ne suffit pas de garantir les vers à soie d’une trop grande clarté, mais du froid ou de la chaleur, & les contre-vents sont plus propres pour cet effet. Suivant les climats, c’est une sage précaution de se pourvoir de paillassons, ou de toiles piquées pour boucher intérieurement les fenêtres du côté du nord ou du couchant, lorsque le besoin le commande.

5°. L’atelier doit être composé de trois pièces ; savoir, 1°. d’un rez-de-chaussée qui servira pour déposer les feuilles à mesure qu’on les apportera des champs, lorsqu’elles ne seront pas humides par l’effet de la pluie ou de la rosée ; 2°. d’un premier étage exactement carrelé, & dont les murs seront bien recrépis : ce sera l’atelier proprement dit ; 3°. d’un grenier bien aéré, pour y étendre les feuilles, lorsqu’elles seront humides. Les fenêtres seront garnies de contre-vents. Il ne faut pas craindre de multiplier les fenêtres, dans ces trois pièces, puisqu’on sera libre d’ouvrir les croisées & de les fermer, selon que les circonstances l’exigeront. On aura par conséquent la facilité de garantir les vers à soie du froid ou de la chaleur, selon qu’il sera nécessaire. L’expérience prouve, qu’on est souvent dans la circonstance où l’on ne sauroit avoir trop de fenêtres, afin de renouveler l’air promptement, ou de faire sécher la feuille. Lorsque les vers sont à la brisse ou grandde frèze, on en sent la nécessité, lorsqu’il faut déliter.

Section III.

De l’intérieur de l’atelier.

L’atelier doit être d’une grandeur proportionnée à la quantité de vers à soie qu’on veut élever. Il vaut mieux qu’il soit plus grand, que s’il étoit trop petit ; parce que rien n’est plus nuisible aux progrès d’une éducation, dont on espère des avantages, qu’un emplacement où les vers sont trop pressés, & entassés les uns sur les autres. Ce qui fait manquer la plupart des éducations faites dans les campagnes, c’est parce que le paysan ne fait pas cette observation, qu’il ne calcule la récolte de cocons que sur la quantité de graine qu’il met, sans savoir s’il pourra loger tous ses vers. Une autre erreur, est encore celle de ne pas mettre éclore la graine, en proportion des mûriers qu’on a. On devroit toujours compter sur un reste de feuilles, plutôt que d’être dans la nécessité d’en acheter.

Les auteurs qui ont écrit sur l’éducation des vers à soie, conviennent en général, qu’une once de graine contient à-peu-près quarante mille œufs, qui doivent par conséquent