Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/85

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pendant une heure ; elles mordent ensuite plus promptement. Il convient que la partie où l’on veut les faire mordre soit propre ; si malgré cette précaution elles ne s’arrêtent pas à l’endroit qu’on désire, frottez-le avec un peu de lait ou de sang récent, ou avec de l’eau dans laquelle on aura fait dissoudre du sucre. Plusieurs piquent légèrement la partie avec une aiguille, & y appliquent la sang-sue lorsque le sang commence à s échapper, en saisissant le corps de l’animal avec un linge fin.

Le nombre des sang-sues à appliquer sur une partie quelconque du corps, ne sauroit être fixe ; cela dépend de l’espèce de maladie, du tempérament, de l’âge, du sexe du sujet, de la constitution de l’air, & d’une multitude d’autres circonstances que l’observateur a sans cesse l’esprit… Pour empêcher les sangsues de dévorer une trop grande quantité de sang, & les détacher de la partie où elles sont fixées, versez-y dessus de l’eau saturée de sel de cuisine… Si en voulant les appliquer sur les bords de l’anus, elles pénétroient dans l’intestin rectum, injectez cette même dissolution de sel… Si un homme, en buvant de l’eau, avoit avalé une sang-sue, faites-lui boire abondamment de cette eau salée.

M. Alphonse le Roi, dans un ouvrage intitulé, Moyen de conserver les enfans, sur-tous à l’époque de la dentition, dit : « La mortalité des enfans prouve l’insuffisance des moyens qu’on oppose ordinairement aux désordres de la dentition. C’est vers le bas-ventre qu’on porte ses vues ; c’est vers la tête qu’il faut les diriger. On peut, par un moyen bien simple, prévoir & s’opposer à la multiplicité des désordres que produit l’engorgement à la tête. Ce moyen le voici : une sang-sue derrière l’oreille.

» Lorsqu’un enfant est malade, portez la main à son front ; & s’il est plus chaud que le reste du corps, présentez à la partie inférieure du pli de l’une & l’autre oreille, une sang-sue moyenne, par son extrémité aiguë ; elle s’attache, & lorsqu’elle est remplie elle tombe, & ensuite le sang coule goutte à goutte par l’issue établie. Le sang coule d’autant plus long-temps, d’autant plus abondamment, qu’il y a plus de chaleur & d’engorgement. Ce moyen simple a un avantage bien précieux, c’est que son efficacité est proportionnée au besoin. On ne peut en abuser, car il est presque nul lorsqu’il n’y a ni engorgement ni chaleur.

» Dans le cas de convulsion, une sang-sue appliquée derrière l’une & l’autre oreille, est le seul remède qui soit d’une efficacité merveilleuse & constante. L’emploi de ce moyen sur toute autre partie de la tête, ne produiroit pas des effets aussi prompts, aussi salutaires. Le sang qui coule derrière les oreilles dégorge les vaisseaux du cerveau, mais c’est en dégorgeant sur-tout le tissu spongieux.

» Ce remède est très-recommandable dans les maladies longues, appelées Chroniques, & dans les maladies aiguës des enfans. On en voit qui, malgré les soins les plus grands, sont disposés au nouage : c’est souvent l’effet de la plétore : dissipez la par des sang-sues derrière l’oreille,