Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/292

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Accoutumer, Moral, Naturel.) Ces soins sont bientôt payés par le plus tendre et le plus fidèle attachement. Ainsi, parmi les animaux employés aux travaux rustiques, on en voit qui n’obéissent volontiers qu’à la voix de l’homme qu’ils aiment : on voit des vaches qui ne donnent leur lait qu’à la personne qui a coutume de les traire ; on voit d’autres animaux languir, tomber en consomption, quand ils ont perdu leur maître, ou leur gouverneur ordinaire, et périr même sur le tombeau où l’un ou l’autre est enfermé. Généreuses et intéressantes victimes de l’amitié et de la fidélité !

Les animaux sont aussi susceptibles d’affection les uns envers les autres, même d’espèces différentes. On voit des chiens s’attacher à des chevaux, des chevaux à des chiens ; et souvent leur seul séparation cause, à l’un ou à l’autre, des maladies graves. Il en est qui ne travaillent bien qu’avec le compagnon qu’ils ont affectionné, qui ne se quittent pas, même quand ils sont en liberté, et qui, si on les sépare, font éclater une sorte de bouderie inquiète, qui va quelquefois jusqu’à la méchanceté.

En général, ceux qui sont le mieux et le plus fortement constitués ont le meilleur naturel. (Ch. et Fr.)


ATTAQUER, (Vénerie.) Ce terme est synonyme de lancer, mettre sur pied, un cerf, un sanglier, etc. (S.)


AUBÉPINE. Comme cet arbrisseau vient facilement par-tout, qu’il fait d’excellentes haies, se tond bien et se multiplie promptement de graines, il est peut-être utile, dans un moment où les avantages des clôtures sont mieux sentis que jamais, de ne pas laisser subsister une erreur qui a attribué aux fleurs d’aubépine la propriété de faire gâter certains poissons de mer, et déterminé les chasse-marées à arracher, de leur propre autorité, les épines blanches qui croissoient sur leur route, ce qui a donné lieu à beaucoup de contestations. Voici les expériences que j’ai faites, il y a une vingtaine d’années, pour détruire cette erreur.

Dans la multitude infinie de préjugés dont nous sommes environnés de toutes parts, il en est plusieurs sur lesquels on peut demeurer indifférent, parce qu’ils ne sont pas nuisibles à la société. Il y en a d’autres, au contraire, qui ne sauroient être trop combattus, à cause de leur rapport avec le bonheur et la tranquillité publique ; convenons cependant qu’à mesure que les sciences font des progrès la masse des erreurs diminue, et le nombre des vérités augmente. Le basilic, par exemple, ne tue plus de ses regards ; on ne trouve plus cet animal dans l’œuf du coq ; la morsure de l’araignée n’est plus venimeuse ; on peut, à l’exemple de cette femme dont l’Histoire de France fait mention, et de quelques amateurs modernes, manger cet insecte sans être né sous le signe du scorpion ; la tarentule ne fait plus rire ou pleurer, crier, chanter ou danser les personnes qui ont éprouvé sa piqûre ; le crapaud, quelque hideux qu’il soit, peut être fixé par l’homme, sans qu’il s’ensuive la mort de l’un ou de l’autre ; le cœur du corbeau et celui de la corneille seroient vainement employés pour réconcilier les époux désunis ; il faut bien autre chose que l’épine du dos du loup pour arrêter les écarts d’une femme infidèle ; la verveine ou l’herbe sacrée, suivant les anciens Druides, ne possède plus l’heureux avantage de pacifier les esprits irrités ; les chardons ne donnent plus la carie des fromens ; les effluves de l’épine-vinette ne font plus couler les blés durant leur floraison ; la marjolaine a perdu les qualités merveilleuses qu’on lui attribuoit ; les grains ne s’animent plus dans certaines circonstances, et ne