Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/100

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mouvemens des fluides végétaux, qui jouent le rôle le plus important dans la production des phénomènes subséquens des mutilations végétales qui ont fait l’objet de cet article : le champ des hypothèses que présente ce beau sujet seroit assez vaste pour que nous puissions y disserter longuement sur la circulation de la sève, et examiner les expériences et les hypothèses des Malpighi, des Mariotte et des Delahire, qui admettent une circulation totale, contre l’opinion des Hales, des Dodart, des Bonnet, des Magnol, qui refusent aux fluides végétaux une circulation entière. Il faudroit aussi examiner les belles expériences de Duhamel ; les savans Mémoires de Bonnet et de Senebier, sur l’usage des feuilles, et mettre à profit tout ce que les chimistes modernes nous ont appris sur la décomposition de l’eau et des gaz par les plantes. Ce sujet nous conduiroit trop loin ; nous l’avons esquissé ailleurs, et nous avons établi que la source de la sève descendante étoit l’eau dissoute dans l’air, et absorbée par les feuilles, tandis que la sève montante avoit sa source dans les bouches absorbantes des racines. Mon opinion sur ce sujet se fonde sur les expériences suivantes, que je fis en l’an 7.

J’ai fait des incisions circulaires et partielles à l’écorce de plusieurs plantes ; l’oblitération de la solution de continuité s’est constamment faite par le bord supérieur de l’incision, et jamais par le bord inférieur, ce qui prouve qu’il y a une sève descendante entre le bois et l’écorce ; ce fait étoit connu de Duhamel. Mais voulant m’assurer si cette sève étoit une continuité de la sève montante, par les fibres ligneuses, selon l’opinion de ceux qui admettent une vraie circulation dans les plantes, ou si au contraire elle étoit aspirée de l’atmosphère par les feuilles, j’effeuillai plusieurs branches auxquelles j’avois fait une incision annulaire ; il n’y a plus eu de sève descendante, la plaie n’a pu se cicatriser, et les feuilles que j’avois laissées sur les branches se sont flétries : ainsi il est démontré que la sève descendante est aspirée de l’air par les feuilles. Tels sont les faits physiologiques et économiques à déduire de l’interruption du fluide séveux par la perforation, l’incision annulaire et la ligature des tiges. Quelque multipliées que soient nos connoissances acquises en physiologie végétale, et quelque nombreuses et utiles qu’aient été de nos jours les applications de cette science à l’économie rurale, n’oublions jamais les préceptes des anciens, consultons souvent leurs écrits : c’est dans les livres des Grecs et des Romains, qui dorment souvent dans nos bibliothèques, qu’il faut puiser comme à sa source l’art de cultiver. « Il semble, dit d’Alembert, qu’on regarde l’antiquité comme un oracle qui a tout dit, et qu’il est inutile d’interroger ; et on fait moins de cas de la restitution d’un passage, que de la découverte d’un rameau veineux ; ce mépris de l’érudition, ajoute cet auteur, est le propre de l’ignorance et de la présomption. » Aucun traité d’agriculture moderne n’a surpassé les Géoponiques pour la culture et l’éducation des oliviers ; quant aux engrais, nous n’avons acquis, depuis les Grecs, sur ce sujet important de prospérité rurale, que les théories que nous a fournies la chimie nouvelle sur leur manière d’agir. Quintius a peu laissé à désirer sur ce sujet en examinant les divers degrés de force et de chaleur des engrais animaux, chap. XX, de Stercore, du livre des Géoponiques, Γεωπονικά, sive de re rusticâ græcorum. Après avoir examiné chaque engrais à part, les proportions dans leur mélange sont établies pour convenir le mieux aux différentes qualités de terre. Un grand nombre de