Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/641

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de bois, long de six ou huit pouces, échancré par un bout, taillé en coin par l’autre. Ceci disposé, on soulève le devant du trébuchet, c’est-à-dire le côté qui frotte contre le piquet ; on engage sous ce côté l’échancrure du triquet pendu après le piquet, et son extrémité en coin presse la coche qui termine la marchette ou tringle décrite plus haut. Alors le trébuchet est tendu ; mais si on place dessous des grains ou des appâts appropriés au gibier que l’on veut y attirer, il est immanquable que ce gibier, se jetant sous le trébuchet, passera par-dessus cette marchette, qu’il dégagera par là le triquet cunéiforme, qui pèse sur la coche de cette même marchette, et soutient ainsi en l’air un des côtés du trébuchet, lequel privé de son appui, retombera et enfermera la proie. Ces pièges multipliés, pendant l’hiver, dans une ferme, ne laissent pas de se garnir d’oiseaux. On peut les faire sur de plus grandes ou plus petites dimensions ; la précaution essentielle à prendre, c’est que l’arrêt soit bien léger et la détente très-douce. Lorsqu’on les tend pour de gros oiseaux, il est bon de mettre quelque chose de lourd sur le sommet ; car plusieurs oiseaux un peu forts pourroient, en se déballant, renverser la cage sur le côté.

Vient ensuite le trébuchet battant, destiné aux oisillons, et où l’on prend quantité de pinsons, verdiers, mésanges, etc., etc. Ce trébuchet n’est autre chose qu’une cage ou coffret carré long, de proportions indéterminées. Il se fait de bâtons plantés verticalement, et à claire-voie, le long des quatre côtés d’une planche, aux quatre angles de laquelle quatre bâtons plus forts soutiennent les traverses qui forment les côtés supérieurs du coffret, et soutiennent tout l’assemblage. Le dessus est ouvert et se recouvre par une espèce de trape ou porte de cage, formée de baguettes transversales assemblées dans trois bâtons montans, rangés parallèlement. Les deux montans de cette porte, qui en forment les deux côtés, ne sont pas plus longs que les côtés mêmes de la cage ; mais celui du milieu dépasse cette longueur d’une quantité égale à la profondeur de cette même cage, c’est-à-dire que, supposant cette porte élevée verticalement sur le bout du coffret, le montant du milieu doit en toucher presque le fond. Pour tendre cette porte, et lui donner du ressort, on passe en double, au bout de la cage et dans le sens de sa largeur, une forte ficelle que l’on tord sur elle-même, au moyen d’un petit morceau de bois, comme on fait quand on veut monter une scie ; la corde suffisamment raidie, on engage à la place du petit morceau de bois dont on s’est servi pour tordre, l’excédant du montant du milieu de la porte, lequel sert de levier au ressort de cette porte, que la corde, par ce moyen, rabat naturellement. On sent que l’autre extrémité de cette porte doit battre sur le bout opposé de la cage, et s’y arrêter. Pour tenir la porte tendue, on a une marchette longue comme la longueur intérieure de la cage, et qui puisse entrer dedans. Cette marchette est un bâton traversé en croix par de plus petits, un peu moins larges que l’intérieur de la cage ; au bout de cette marchette est une coche tournée en l’air ; on engage dans cette coche l’extrémité du levier, qui se prolonge du milieu de la porte, et le piège est tendu. On sème des grains au fond ; les oiseaux y descendent, pèsent sur la marchette, dont la coche abandonne le bout du levier, et la porte se rabat. On fait ces trébuchets doubles, c’est-à-dire, qu’entre deux trébuchets simples, tournés bout à bout, on élève une cage fixe, dans laquelle on place des appelans, ce qui rend la chasse plus fructueuse.

Le mécanisme de cette porte ou recouvrement ressemble beaucoup à celui