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celles qui sont sèches, il reprend peu de plants. Cependant elle peut servir à repeupler les vides des bois, d’une manière économique.

La troisième consiste à semer des graines de bois dans de petits carrés de huit à douze pouces de côté, dont on a préparé la terre à l’avance pour la rendre meuble.

La quatrième consiste à planter, dans le terrain qu’on veut mettre en plein bois, quatre cents jeunes plants d’ypréaux ou trembles, par arpent, ou deux cents plants de haute tige de ces mêmes essences, convenablement et également espacés. On les laisse croître en arbres pendant quatre ans, et on les recèpe ensuite. Il pousse de leurs racines, même avant leur recépage, une grande quantité de drageons qui remplissent les intervalles des souches. Avant la chute des feuilles de l’année du recépage, on sème sur le terrain des graines de bois durs en assez grande quantité, afin qu’après avoir été recherchées par les mulots, les corbeaux et les pies, il en reste suffisamment pour garnir le terrain de ces dernières essences.

Les graines restantes se trouveront recouvertes par les feuilles tombées des bois blancs, qui les préserveront de la sécheresse et de la gelée. Au printemps suivant elles germeront, et se développeront très-bien sous l’ombrage du recru des bois blancs.

Une cinquième manière de planter des bois, qui n’est que la simple imitation de la nature, consiste à semer, à l’automne, à graines perdues, sur des terres incultes et couvertes d’épines, de bruyères, de genêts, ou d’autres arbustes ou de grandes plantes parasites.

Cette manières planter est sans doute la plus économique, mais elle est bien incertaine, et la jouissance de la plantation se fait attendre bien long-temps. Elle n’est d’ailleurs praticable que sur les terrains d’une certaine consistance ; car si le sol est trop léger, il vaut mieux le cultiver et le planter à la charrue.

Lorsqu’on prépare à bras d’hommes le terrain à planter, un seul labour suffit, pourvu que la terre soit bien émiée.

Si on emploie la charrue à cette préparation, il faut donner trois bonnes façons au terrain, si on peut semer ou planter en automne ; et quatre façons, quand la plantation ne peut se faire qu’au printemps.

§. III. Des charrues propres aux plantations des bois. Pour la préparation des terrains destinés à être plantés en bois, il faudra se servir des meilleures charrues locales, celle avec laquelle on donne aux terres la première façon ; mais elle ne seroit pas convenable pour l’entretien des plantations dans leurs premières années. Cette charrue à deux roues, et est attelée de deux chevaux de front. Ces roues et ces chevaux feroient plus de tort aux plantations que les binages ne pourroient leur être utiles.

On éviteroit bien cet inconvénient en faisant donner à bras d’hommes les binages des plantations ; mais ce moyen est beaucoup plus dispendieux que l’entretien à la charrue.

Pour employer la charrue à cet entretien, il faudroit se procurer une charrue sans roues, qu’un seul cheval puisse faire mouvoir dans les terres légères ; et si la consistance du terrain exigeoit qu’on mît deux chevaux sur cette charrue, il faudroit les y atteler de file.

L’araire de Provence, dont on se sert aussi dans la Limagne d’Auvergne, peut donner une idée de la charrue que nous croyons propre à cet usage. Malheureusement son soc en pointe arrondie, ne fait le plus souvent que détourner les mauvaises herbes, il ne les coupe pas. Il faudroit donc lui donner une forme plus tranchante pour rendre cette charrue propre aux binages de nouvelles plantations.