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Dans les bons fonds, il est avantageux de planter des bois de différentes essences. On peut les planter, savoir : les trois quarts essence de chêne, et le surplus en essence de hêtre, de frêne, d’arbres résineux et de bois blancs, le tout bien mélangé.

Dans les fonds de qualité inférieure, on pourra planter ou semer deux tiers essence de chêne, et l’autre tiers en hêtre et bouleau.

Lorsque les sèves de ces plantations donneront des pousses de trois pouces de longueur et au dessus, leur succès sera assuré, et elles n’auront plus besoin que d’une bonne conservation.

Section II. Repeuplement des vides des pleins bois. Les vides qu’on apperçoit dans les pleins bois peuvent être occasionnés par deux causes très-différentes.

Si des bois trop clairs sont placés sur de bons fonds, leurs vides sont dus à fine mauvaise conservation, et à la fréquentation des bestiaux. Alors, en interdisant leur entrée aux bestiaux, il est facile de repeupler ces vides.

Mais, si les bois dans lesquels on trouve des vides croissent dans un terrain de mauvaise qualité, ces vides peuvent n’être dus qu’à la mauvaise qualité du fond, et alors ces bois ne sont susceptibles d’autre amélioration que d’être soumis à un aménagement plus rapproché.

Pour repeupler les vides des bois, il faut d’abord empêcher l’enlèvement des faînes et des glands, deux ans avant et deux ans après leur coupe ; par cette précaution, les petits vides de ces bois se repeupleront naturellement et sans aucune dépense.

Quant aux grands vides, on les regarnira par les plants, les semis, ou les provins.


CHAPITRE II.

Plantation des arbres isolés. Avant la révolution, les grandes routes, les chemins vicinaux et usagers, et même les endroits les moins dommageables des terres en culture, étoient plantés d’arbres utiles dans toutes les localités où le bois avoit une grande valeur ; et cette richesse territoriale offroit de grandes ressources aux besoins du charronnage, des arts et du commerce. Maintenant ces arbres n’existent plus, et ce n’est que depuis deux ou trois ans que l’on commence à réparer ces pertes.

Après la plantation des pleins bois, celle des arbres épars contribuera aussi à la restauration des bois de la France, sinon aussi puissamment, du moins d’une manière plus précoce, puisque, toutes choses égales d’ailleurs, le même arbre met moins de temps à prendre toute sa croissance, lorsqu’il est isolé, que quand il est en massif.

Cette propriété des arbres isolés est remarquable, en ce qu’on ne peut l’obtenir que lorsqu’ils croissent dans un terrain de qualité convenable à leur essence.

On remarque en effet que les arbres isolés ne présentent une végétation aussi précoce, que dans un sol où ils trouvent une nourriture assez abondante pour réparer les pertes qu’une trop grande évaporation de sève, ou, si nous pouvons nous exprimer ainsi, qu’une trop grande transpiration leur occasionne pendant l’été, et pour fournir encore à leur accroissement.

Lorsqu’ils sont en massif, ils n’ont pas besoin d’une nourriture aussi abondante ; leur tige, préservée de l’ardeur du soleil et du contact immédiat de l’air libre, transpire peu, et alors les arbres peuvent prospérer dans un sol moins substantiel. Aussi peut-on planter des pleins bois dans des terrains de quatre à six pouces d’épaisseur végétale, tandis qu’il faut au moins douze pouces à celle épaisseur, pour pouvoir y planter avec succès des arbres isolés.

Par-tout où le bois de chauffage sera