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LE MARTYRE

deux chrétiens avoient échappé à l’exacte recherche qu’il croyoit en avoir faite, donna des ordres très-précis de les arrêter, s’imaginant pouvoir enfin achever d’abolir en leur personne une religion qui lui étoit si odieuse.

Mais avant que de venir aux particularités de la mort de ces Saints, il faut dire un mot de leur vie. Alexandre étoit Grec, Epipode étoit natif de Lyon ; tous deux unis dès leur plus tendre enfance, par les mêmes études et les mêmes exercices, mais plus unis encore dans la suite par les liens d’une véritable charité. Leur amitié croissoit avec leurs lumières, et augmentoit à mesure qu’ils faisoient de nouveaux progrès dans les sciences. Leur union devint enfin si intime, et leurs sentimens se trouvèrent si conformes en toutes choses, que quoiqu’ils eussent reçu de ceux qui leur avoient donné la naissance[1] une éducation très-sainte, ils ne cessoient cependant de s’exciter l’un et l’autre par de réciproques et de continuelles exhortations à tendre à une plus haute perfection. Ils y réussirent si bien, que s’exerçant avec une attention toute particulière à la tempérance, à la pauvreté, à la foi, à la chasteté, aux œuvres de miséricorde, et généralement à toutes les vertus les plus excellentes du christianisme, ils se rendirent des victimes dignes d’être immolées à Dieu ; et ils eurent par une heureuse anticipation, tout le mérite du martyre avant que d’en souffrir la peine.

  1. Ils portoient le titre de Clarissimes.