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Page:Ruinart - Les véritables actes des martyrs, tome 1, 1818.djvu/240

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LE MARTYRE

de jeux, de danses et de charmans concerts. Que vous dirai-je enfin, l’amour et les plaisirs, la bonne chère et les vins délicieux, la magnificence des spectacles, les agréables intrigues du théâtre ; en un mot, les plus doux passe-temps de la vie font la plus grande partie de leur culte. Mais pour vous, vous avez une religion sombre et chagrine : vous adorez un homme qui a été cloué à une croix ; qui ne peut souffrir qu’on jouisse de tous ces plaisirs, qui condamne la joie, qui se plaît à avoir des adorateurs exténués par les jeûnes ; enfin, qui conseille une chasteté triste et inféconde. Mais après tout, quel appui peut-on attendre de ce Dieu, quel bien peut-il faire à ceux qui s’attachent à son service, lui qui n’a pu garantir sa vie de l’attentat formé contre elle par les derniers des hommes ? J’ai bien voulu vous représenter toutes ces choses, afin que, renonçant à cette religion farouche et sauvage, vous ne songiez plus qu’à passer votre jeunesse parmi les doux et tendres amusemens de cet âge destiné par la nature à la jouissance de tous les contentemens que le monde offre à ceux qui en savent faire un bon usage.

Le bienheureux Epipode répondit au gouverneur en ces termes : La grâce de J. C. mon Maître, et la foi catholique que je professe, ne me laisseront jamais surprendre à la douceur empoisonnée de vos paroles. Vous feignez d’être sensible aux maux que je me prépare ; mais sachez que je ne regarde cette fausse