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DE S. ALEXANDRE, etc.

compassion que comme une véritable cruauté. La vie que vous me proposez est pour moi une éternelle mort ; et la mort dont vous me menacez n’est qu’un passage à une vie qui ne finira jamais ; il est glorieux de mourir d’une main comme la vôtre, accoutumée à répandre le sang de ceux qui refusent d’abandonner le parti de la vertu. Au reste, ce Dieu que nous adorons, ce souverain Seigneur de tout l’univers ; en un mot, ce Jésus que vous dites avoir souffert le supplice de la croix, savez-vous qu’il est ressuscité : qu’Homme et Dieu tout ensemble il s’est élevé dans le Ciel par sa propre vertu, traçant lui-même à ses serviteurs un chemin à l’immortalité, et leur préparant là-haut des trônes tout brillans de gloire. Mais je m’aperçois que ces choses sont trop relevées pour vous, je veux bien me rabaisser en votre faveur, et vous parler le langage des hommes. Les ténèbres dont votre esprit est couvert sont-elles si épaisses, qu’elles ne vous laissent pas voir que tout homme est composé de deux différentes substances, l’âme et le corps ? Chez nous l’âme commande et le corps obéit ; ces plaisirs infâmes que vous me vantez tant, et qui plaisent si fort à vos dieux, flattent agréablement le corps, mais ils donnent la mort à l’âme. Pour nous, nous prenons le parti de notre âme contre notre corps, et nous la défendons des vices qui l’attaquent. Ne nous vantez point tant votre piété envers vos dieux immortels : le premier et le plus