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Page:Ruinart - Les véritables actes des martyrs, tome 1, 1818.djvu/243

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DE S. ALEXANDRE, etc.

eut fini ces derniers mots, que le juge le fit élever sur le chevalet, et placer des bourreaux à droite et à gauche, qui lui déchirèrent les côtés avec des ongles de fer. Mais voilà que tout à coup on entend un bruit effroyable : tout le peuple demande le Martyr ; il veut qu’on le lui abandonne : les uns ramassent des pierres pour l’en accabler ; les autres, plus furieux, s’offrent à le mettre en pièces ; tous enfin trouvent la cruauté du gouverneur trop lente à leur gré. Il n’est pas lui-même en sûreté : surpris de cette violence inopinée, il craint qu’on ne viole le respect dû à son caractère ; et désirant assoupir dès sa naissance ce commencement de sédition, il fait enlever le Martyr, et sans donner le temps aux mutins de poursuivre leur attentat, il le fait tuer d’un coup d’épée. Ainsi, par une disposition favorable de la Providence, l’emportement des ennemis de S. Epipode ne fit que hâter la fin de son martyre, Jésus-Christ se hâtant lui-même de couronner son serviteur.

Cependant le gouverneur brûloit d’impatience de tremper dans le sang d’Alexandre ses mains encore fumantes de celui de son cher Epipode. Il l’avoit laissé un jour en prison, et remettant son interrogatoire au jour suivant, il se le fit amener dans le dessein de pouvoir, par son supplice, rassasier sa fureur et celle de tout le peuple. Il fit toutefois un effort sur lui-même, et retenant avec peine les mouvemens impétueux d’un courroux aveugle, il vou-

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