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LE MARTYRE

déjà relayés plusieurs fois, le gouverneur lui demanda s’il persistoit toujours dans sa première confession : Oui, répondit-il d’un ton d’autorité, et qui témoignoit la grandeur de sa foi : car vos Dieux ne sont que de mauvais démons ; mais le Dieu que j’adore, et qui seul est tout-puissant et éternel, me donnera la force de le confesser jusqu’au dernier soupir : il sera le conservateur et le gardien de ma foi. Le gouverneur dit alors : Je vois la pensée de ces misérables, leur fureur insensée est montée à un tel point, qu’ils mettent toute leur gloire dans la durée de leurs souffrances ; et ils croient par-là avoir remporté une victoire signalée sur ceux qu’ils nomment leurs persécuteurs ; mais il faut les guérir de cette folle présomption. Puis s’efforçant de prendre un ton plus grave et plus modéré, il prononça cette sentence : Étant une chose contraire au bon exemple, et au respect dû à la religion des dieux, et à la dignité de notre siège, de souffrir plus long-temps l’opiniâtreté impie du nommé Alexandre, convaincu de christianisme ; et comme ce seroit en quelque sorte s’en rendre complice, que d’en différer la punition, nous ordonnons qu’il sera attaché à une croix pour y expier son crime par sa mort. Les bourreaux prirent aussitôt ce Saint, et le lièrent à ce bois qui est devenu le signe de notre salut. Il n’y demeura pas beaucoup sans y expirer : car son corps avoit été si fort déchiré dans cette cruelle flagellation, que les côtes déchar-