Page:Ruskin - La Bible d’Amiens.djvu/115

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le sud il y a des Gaulois, des Burgondes, des Bretons, des nations de cœur plus triste, d’esprit plus morose. Passé leur frontière, leur limite extrême, voici enfin les Francs, source de toute Franchise pour notre Europe. Vous avez entendu le mot en Angleterre, avant ce jour, mais de mot anglais, il n’y en a pas pour signifier cela. L’honnêteté nous l’avons, et elle nous vient de nous-mêmes, mais la Franchise nous devons l’apprendre de ceux-ci ; bien plus, toutes nos nations de l’ouest seront dans quelques siècles connues sous le nom de Franks. Franks du Paris qui doit exister, en un temps à venir, mais le Français de Paris est, en l’an de grâce 500, une langue aussi inconnue à Paris qu’à Stratford-att-ye-Bowe. Le Français d’Amiens est la forme royale et le parler de cour du langage chrétien, Paris étant encore dans la boue lutécienne pour devenir un jour un champ de toits peut-être, en temps voulu. Ici près de la Somme qui doucement brille, règnent Clovis et sa Clotilde.

Et auprès du tombeau de saint Firmin parle maintenant un autre doux évangéliste et la première prière du roi franc au roi des rois, il la lui adresse seulement comme au « Dieu de Clotilde ».

10. Je suis obligé de faire appel à la patience du lecteur pour une date ou deux et pour quelques faits arides — deux — trois — ou plus.

Clodion, le chef des premiers Francs qui passèrent définitivement le Rhin, fraya son chemin à travers les cohortes irrégulières de Rome, jusqu’à Amiens dont il s’empara en 445[1]

Deux ans après, à sa mort, le trône à peine affermi

  1. Voir la note à la fin du chapitre ainsi que la page 118 pour les allusions à la bataille de Soissons. — (Note de l’Auteur.)