Page:Ruskin - La Bible d’Amiens.djvu/174

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35. Le bouclier pour tous était rond, se maniant comme le bouclier d’un highlander : armure qui probablement n’était rien que du cuir fortement tanné, ou du chanvre patiemment et solidement tricoté : « Leur costume collant », dit M. Gibbon, « figurait exactement la forme de leurs membres », mais « costume » est seulement une expression Miltono-Gibbonienne pour signifier « personne sait quoi ». Il est plus intelligible en ce qui concerne leurs personnes. « La stature élevée des Francs, leurs yeux bleus, dénotaient une origine germanique ; les belliqueux barbares étaient formés dès leur première jeunesse à courir, sauter, nager, lancer le javelot et la hache d’armes sans manquer le but, à marcher sans hésitation contre un ennemi supérieur en nombre, et à garder dans la vie ou la mort la réputation d’invincibles qui était celle de leurs ancêtres » (vi, 93). Pour la première fois, en 358, épouvanté par la victoire de l’empereur Julien à Strasbourg, et assiégé par lui sur la Meuse, un corps de six cents Francs « méconnut l’ancienne loi qui leur ordonnait de vaincre ou de mourir ». « Bien que l’espoir de la rapine eût pour les entraîner une force extrême, ils professaient un amour désintéressé de la guerre qu’ils considéraient comme le suprême honneur et la suprême félicité de la nature humaine, et leurs esprits et leurs corps étaient si endurcis par une activité perpétuelle, que selon la vivante expression d’un orateur, les neiges de l’hiver étaient aussi agréables pour eux que les fleurs du printemps » (iii, 220).

36. Ces vertus morales et corporelles ou cet endurcissement étaient probablement universels dans les rangs militaires de la nation ; mais nous apprendrons tout à l’heure avec surprise, d’un peuple si remarqua-