Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/193

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du Palais Ducal, n’avait été orné autrement que par un mince pilastre de marbre rouge et la sculpture était toujours réservée, comme dans les monuments grecs et romains, aux parties unies des murs. Si je ne me trompe, il n’y eut que deux exceptions, toutes deux à Saint-Marc : la hardie et grotesque gargouille de l’angle N.-O. et les angles saillants sortant des angles intérieurs de la coupole ; ces deux exceptions sont dues à l’influence lombarde. Et si j’ai, par hasard, oublié quelque autre cas semblable, je suis certain qu’on y reconnaîtra toujours l’influence du Nord.

Le Palais Ducal accepta complètement ce principe et réserva, pour ses angles, ses principales décorations. La fenêtre du milieu, qui paraît riche et importante sur la gravure fut entièrement refaite — nous l’avons vu — sous le Doge Sténo, au temps de la Renaissance ; nous n’avons aucune indication sur ce qu’elle était auparavant et le principal intérêt du plus vieux palais est concentré dans la sculpture des angles, ainsi disposée : les piliers des deux rangées d’arcades qui servent de supports, augmentent sensiblement d’épaisseur aux angles, et leurs chapiteaux augmentent de même en profondeur, en largeur et en richesse de sujets. Sur chaque chapiteau, à l’angle du mur, est posé un motif de sculpture consistant pour la grande arcade du bas, en deux figures — quelquefois plus — de grandeur naturelle : dans l’arcade supérieure, un ange tient un rouleau : au-dessus de ces anges s’élèvent des piliers tous surmontés d’une couronne de niches. Le tout forme une ligne de décoration non interrompue depuis le bas jusqu’au sommet de l’angle.

Il a été dit plus haut qu’un des angles du palais rejoint les constructions irrégulières unies à Saint-Marc et que,