Page:Ruskin - Sésame et les lys.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

influence sur la destinée de l’esprit national. Ce Snowdon est votre Parnasse ; mais où sont ses Muses ? Cette montagne de Holy head est votre île d’Égine ; mais où est son temple de Minerve ?

85. Vous dirai-je ce que la Minerve chrétienne a accompli à l’ombre du Parnasse jusqu’en l’an 1848 ? Voici une petite notice sur une école galloise à la page 261 du rapport sur le pays de Galles, publié par le Comité du Conseil de l’Instruction publique. Il s’agit d’une école située auprès d’une ville de 5.000 habitants : « J’examinai alors une classe plus nombreuse, dont la plupart des élèves étaient entrées récemment à l’école. Trois fillettes déclarèrent, à plusieurs reprises, qu’elles n’avaient jamais entendu parler de Dieu (deux sur six pensaient que le Christ était actuellement sur terre) ; trois ne savaient rien de la Crucifixion. Quatre sur sept ne connaissaient pas les noms des mois, ni le nombre des jours de l’année. Elles n’avaient encore aucune notion de l’addition passé deux et deux, ou trois et trois, leurs esprits étaient absolument vides. » Oh ! vous, femmes d’Angleterre ! depuis la princesse de ce pays de Galles jusqu’à la plus simple d’entre vous, ne croyez pas que vos propres enfants pourront entrer en possession de leur part dans le vrai Bercail de repos tant que ceux-ci seront dispersés sur les montagnes comme des brebis qui n’ont point de berger[1]. Et ne croyez pas que vos filles pourront être élevées à la connaissance véritable de leur

  1. I Rois, 22, 17, dont on peut rapprocher, mais en moins complète ressemblance avec le texte de Ruskin, Nombres, xxvii, 17. Le texte des Rois est reproduit dans saint Mathieu, ix, 36. (Note du traducteur.)