Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/169

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musées plutôt que dans les laboratoires ; on se le figure volontiers tel que M. Edelfelt représenta un jour M. Pasteur : le regard et la pensée fortement attachés à un bocal qu’il manie au jour clair des cliniques. Et l’on ne s’étonne plus que sir John Lubbock, interrogé sur la question de savoir si Ruskin était comparable à Goethe, répondit qu’assurément il avait fait beaucoup plus pour la science, et que, sans prétendre à une connaissance profonde, il avait montré un extraordinaire don naturel d’observation : car toutes ses paroles sont pleines des préoccupations que donnent les découvertes de la science contemporaine et comme nourries et débordantes de ses enseignements.

Qu’elles soient plus pleines encore de préoccupations sociales, c’est ce que nous avons noté dès le premier regard jeté sur les formes extérieures de sa pensée. Outre ceux de ses ouvrages qui traitent expressément d’économie politique, comme Unto this Last, Munera Puberis, Time and Tide, The Crown of Wild Olive, Fors Clavigera, A Joy for ever, il en est beaucoup d’autres qui y touchent par quelque côté. Bien rarement l’esthéticien a pu écrire tout un chapitre sur l’art sans que le souvenir des êtres humains « qui ont de fortes objections à écouter une conférence sur les mérites de Michel-Ange lorsqu’ils ont faim et froid », ne soit venu