Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/195

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des forces, mais aussi la cause des formes, qui ne fixerait pas seulement les lois de la création, mais aussi et surtout les joies de la création, qui ne classerait pas seulement les êtres par leurs aspects et leurs fonctions mécaniques, — comme on classe des moteurs dans une galerie des machines, — mais encore par leurs traits esthétiques et leurs indices ou reflets de la Beauté, — comme on classe des tableaux ou des statues dans un musée.

Cette philosophie ou cette science ne serait pas, dira-t-on, une science proprement dite, ni même une philosophie. Peut-être, et nous ne disputerons point sur les mots. Il y a en effet, entre les deux ordres de recherches, une profonde différence. « L’une considère les choses comme elles sont en elles-mêmes, l’autre en tant qu’elles affectent les sens humains et l’âme humaine. La tâche de celle-ci est d’approfondir les impressions naturelles que ces choses font sur les créatures vivantes. Les deux sciences s’inquiètent également de la vérité, mais l’une de la vérité d’aspect, l’autre de la vérité d’essence. L’une étudie les relations des choses entre elles, l’autre étudie seulement leurs relations avec l’homme et en tout ce qui lui est soumis, cherche seulement ceci : à quoi cette chose sert aux yeux de l’homme et à son cœur. »